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HÉRON D’ALEXANDRIE
LES PNEUMATIQUES


Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer
‘etude
des propriétés de l’air a été jugée digne de la plus grande attention par les
anciens philosophes et mécaniciens. Les premiers ont déduit ces propriétés du
raisonnement, les seconds de nos actions sur nos sens.
Il nous a paru nécessaire de
mettre en ordre ce que nous ont légué nos prédécesseurs, et d’y ajouter nos
propres découvertes, de manière à aider les études de ceux qui voudront se
livrer aux mathématiques. Nous avons du reste été amenés à écrire sur ce sujet
parce que nous avons trouvé qu’il formait la suite naturelle de notre traité en
quatre livres sur les horloges hydrauliques.
C’est en effet par l’union de
l’air, du feu, de l’eau et de la terre, et à l’aide de trois ou de ces cléments
réunis, que se forment les combinaisons diverses dont les unes subviennent aux
besoins de la vie humaine, pendant que d’autres produisent un étonnement mêlé de
terreur.
Avant d’entrer dans le cœur de
notre sujet nous devons parler du vide.
Du vide
Il en est qui affirment que rien
dans l’univers n’est vide; d’autres estiment que le vide n’existe point
naturellement d’une façon continue, mais qu’il se trouve réparti en particules
ténues à travers l’air, l’eau, le feu, et les autres corps. C’est à cette
opinion que nous nous rangeons et nous allons en démontrer la vérité par les
expériences suivantes.
Les vases que beaucoup de gens
croient être vides ne le sont pas. Tous ceux qui se sont occupés de physique
savent en effet que l’air est composé de molécules ténues, légères et
généralement invisibles pour nous dans leur ensemble.
Si nous introduisons de l’eau dans
un vase qui parait vide, l’air sortira de ce vase en proportion de la quantité
d’eau qui y entrera. Voici comment on peut le prouver. — Qu’on renverse un vase
supposé vide et que, le tenant bien d’aplomb, on l’introduise dans l’eau, l’eau
n’y entrera pas quand bien même il serait complètement immergé. De là il ressort
évidemment que l’air est un corps qui remplit tout l’espace contenu dans le vase
et ne permet pas à l’eau d’entrer. — Si maintenant on perce le fond du vase,
l’eau entrera par le goulot, mais l’air s’échappera par le trou du fond. — De
plus si, avant de perforer le fond, nous soulevons le vase verticalement et que
nous le retournions, nous pourrons constater que la surface intérieure est aussi
exempte d’eau qu’avant l’immersion.
Il est donc bien établi que l’air
est un corps.
L’air, quand il est mis en
mouvement, devient du vent; car le vent n’est autre chose que de l’air qui se
meut.
Si, en effet, quand le fond du
vase a été percé et que l’eau est en train d’y pénétrer, nous mettons la main
au-dessus du trou, nous sentirons le vent qui s’échappe du vase; ce n’est pas
autre chose que de l’air expulsé par l’eau.
Il ne faut donc pas croire qu’il
existe une nature de vide qui soit par elle-même continue, mais que le vide est
distribué en petites particules à travers l’air, l’eau et les autres corps. Le
diamant seul, du moins on peut le supposer, n’en admet aucun, car il est
infusible et incassable; frappé entre une enclume et un marteau, il s’y incruste
tout entier.
Cette propriété prouve du reste, non point l’absence absolue du vide, mais
l’extrême densité du diamant; il suffit, en effet, que les molécules du feu
soient plus grosses que les vides de la pierre pour qu’elles ne la pénètrent
point et s’arrêtent seulement à sa superficie dès lors elles ne peuvent porter
dans son intérieur la même chaleur que dans les autres corps.
Les molécules de l’air sont toutes
contiguës, mais sans être ajustées exactement les unes aux autres dans tous les
sens et en laissant entre elles des espaces vides comme le font les grains de
sable sur le bord de la mer. On peut se figurer que ces grains correspondent aux
molécules de l’air et que l’air qui existe entre les grains correspond aux
espaces vides entre les molécules de l’air.
Par conséquent, si quelque force
vient à être appliquée à l’air, celui-ci est comprimé et ses molécules, par
suite de la pression exercée sur elles, entrent dans les espaces vides
contrairement à leur état naturel; mais, lorsque la cause cesse d’agir, les
molécules reviennent à leur position normale à cause de l’élasticité propre aux
corps, comme les rognures de corne et les éponges qui, lorsqu’on cesse de les
presser, reviennent à la même position et reprennent le même volume.
De même, si par l’application de
quelque force les molécules de l’air se trouvent écartées et qu’il se produise
ainsi un vide plus grand qu’il doit l’être naturellement, ces molécules se
rapprochent ensuite; car elles ont un mouvement très rapide dans le vide, quand
rien ne les force à se rapprocher ou à s’écarter, jusqu’à ce qu’elles arrivent
au contact.
Ainsi, que l’on prenne un vase
léger à ouverture étroite et qu’on l’applique contre les lèvres en aspirant
l’air, ce qui le raréfie, le vase restera suspendu aux lèvres, car le vide
attirera la chair dans le vase afin de remplir le vide. Il est donc clair que la
portion de l’espace compris dans le vase était devenue vide en partie.
On peut démontrer la même chose à
l’aide de ces ampoules de verre à ouverture étroite dont se servent les
médecins. Quand ils veulent les remplir d’un liquide, ils aspirent l’air, puis
mettent le doigt sur l’orifice et renversent le vase dans ce liquide; ils ôtent
alors leur doigt et le liquide s’élève dans l’espace rendu vide, bien que ce
mouvement de bas en haut soit contraire à la nature.
C’est encore le cas des ventouses
qui, appliquées sur le corps, non seulement ne tombent pas malgré leur poids,
mais encore attirent dans leur intérieur les matières voisines à travers les
ouvertures de la peau. Le feu que l’on y place consume et détruit en effet l’air
qui y est contenu, comme il consume les autres corps, l’eau ou la terre, et les
transforme en substances plus ténues.
Que quelque chose soit consumé
dans les corps solides par l’action du feu, cela est démontré par les charbons
qui restent ; ceux-ci ont en effet à peu près le même volume que le corps avant
sa combustion, mais ont un poids très différent. Les parties qui se consument
s’en vont avec la fumée rejoindre les substances ignées, aqueuses ou terreuses ;
les plus légères sont transportées jusqu’à la région supérieure où se trouve le
feu; celles qui sont un peu plus denses se répandent dans l’air ; et enfin les
plus grossières après avoir été entraînées pendant un certain temps avec les
autres redescendent dans les régions inférieures et se mêlent avec les
substances terreuses.
L’eau aussi lorsqu’elle est
consumée par l’action du feu se transforme en air, car les vapeurs qui s’élèvent
d’une bouillote échauffée ne sont autre chose que des molécules d’eau rendues
plus ténues qui passent dans l’air.
Il est donc rendu manifeste par ce
qui précède que le feu dissout et transforme tous les corps plus denses que lui.
De même, par les exhalaisons que
produit la terre, des corps à molécules épaisses sont transformés en d’autres
substances à particules plus ténues.
La rosée n’est pas due à autre
chose qu’à l’eau qui a été rendue plus ténue dans la terre par l’exhalaison de
celle-ci; quant à cette exhalaison, elle provient de quelque substance ignée qui
se trouve dans la terre et qui a la faculté d’en produire lorsqu’elle est
échauffée par dessous par le soleil, surtout lorsque le sol est bitumineux ou
sulfureux, (les sources chaudes qui se trouvent dans le sol ont les mêmes
causes); les particules les plus légères de la rosée passent dans l’air; les
plus denses, après avoir été soulevées à quelque hauteur, par la force de
l’exhalaison, redescendent à la surface du sol quand celui-ci se refroidit par
suite du retour du soleil.
Les vents sont produits par une
exhalaison excessive à la suite de laquelle l’air est tantôt repoussé, tantôt
raréfié, et qui met en mouvement les régions de l’atmosphère qui se trouvent à
son contact immédiat.
Ce mouvement de l’air, cependant,
n’est pas partout d’une vitesse uniforme. Il est plus violent aux abords du
point où se produit l’exhalaison et où commence l’agitation, puis il s’affaiblit
en s’éloignant. C’est ainsi que les corps pesants, lorsqu’ils s’élèvent, se
meuvent avec plus de rapidité dans les régions inférieures, où se trouve la
force qui les met en mouvement, et avec plus de lenteur dans les régions
supérieures ; enfin, lorsque la force qui les poussait originairement n’a plus
d’action sur eux, ils reviennent à leur position naturelle, c’est-à-dire à la
surface du sol. Si cette force continuait à les pousser en avant avec une
vitesse constante, ils ne s’arrêteraient jamais; mais cette force diminue
graduellement, comme si elle s’usait, et la vitesse du mouvement diminue avec
elle.
L’eau se transforme en outre en
une matière terreuse : si nous versons de l’eau dans un trou en terre, après peu
de temps l’eau disparaît, absorbée par la substance de la terre, de manière à se
mélanger avec elle et à se transformer en terre. Si quelqu’un prétendait qu’elle
n’est pas transformée ou absorbée par la terre, mais expulsée par la chaleur,
soit du soleil soit de quelque autre corps, il serait facile de le convaincre
d’erreur; car, si la même eau est placée dans un vase de verre, de bronze, ou de
toute autre matière solide, et exposée au soleil, elle ne sera, au bout d’un
temps considérable, diminuée que d’une très faible quantité. L’eau se transforme
donc en une matière terreuse : en effet, le limon et la boue ne sont que des
transformations de l’eau en terre.
Bien plus, les substances les plus
subtiles sont transformées en plus grossières, comme il arrive à la flamme d’une
lampe qui s’éteint faute d’huile. Nous la voyons pendant quelque temps s’élever;
elle semble faire des efforts pour atteindre la région qui lui est propre, les
hauteurs de l’atmosphère, jusqu’à ce que, vaincue par la masse d’air qui la
frappe, elle cesse d’aspirer à sa place légitime, et, mélangée et entrelacée
avec les molécules de l’air, elle se transforme elle-même en air. Le même fait
s’observe avec l’air; car, si un petit vase, renfermant de l’air et
soigneusement clos, est placé dans l’eau, avec son ouverture en haut, puis qu’on
le découvre, de manière à permettre à l’eau de s’y précipiter, l’air s’échappe
du vase; mais, réduit à l’impuissance par la masse d’eau, il se mélange de
nouveau avec elle et se transforme au point de devenir de l’eau.
Dans les ventouses, lorsque l’air,
attaqué et rapetissé par le feu, sort par les trous des parois du verre,
l’espace intérieur est rendu vide et attire à lui les matières qui l’avoisinent,
quelle qu’en suit la nature; mais, en soulevant légèrement la ventouse, l’air
rentre dans l’espace vide, et aucune matière n’est plus attirée. Ainsi, ceux qui
nient le vide absolu, peuvent inventer beaucoup d’arguments sur ce sujet, et
peut-être paraître raisonner d’une manière très plausible, tout en n’apportant
pas de preuves tangibles.
Si pourtant on montrait, au moyen
de phénomènes sensibles, qu’il existe une chose analogue à un vide parfait, mais
produite artificiellement, que, par conséquent, le vide existe dans la nature,
subdivisé en particules minimes, et que, par la compression, les corps peuvent
remplir ces vides subdivisés, ceux qui présentent des arguments plausibles sur
ces matières ne trouveraient plus un terrain solide pour asseoir leur opinion.
Prenez un vase sphérique, formé
d’une lame de métal d’une épaisseur suffisante pour n’être pas facilement
bossuée, contenant environ huit cotyles (2,16 litres). Après l’avoir
soigneusement rendu étanche de tous les côtés, percez-y un trou, dans lequel
vous insérez un tube étroit, en bronze, de manière à ne pas toucher la partie
diamétralement opposée au trou et à laisser un passage pour l’eau. L’autre
extrémité du tube doit dépasser le globe de trois doigts (0,057 m), et le tour
du trou par lequel le tube est introduit doit être luté avec de l’étain appliqué
sur le siphon et sur la surface extérieure du globe, de sorte que, lorsqu’on
veut souffler dans le tube, l’air ne puisse s’échapper hors du vase.
Voyons ce qui va se passer. Le
globe, ainsi que les vases que l’on considère généralement comme vides, contient
de l’air; comme cet air remplit tout l’espace intérieur et exerce une pression
uniforme sur toute la surface intérieure du vase, s’il n’y existe pas de vide
comme certains le supposent, nous ne pourrons y introduire ni de l’eau, ni une
nouvelle quantité d’air, à moins que l’air contenu primitivement ne lui fasse
place. Si nous voulions essayer de le faire de force, le vase, étant plein,
éclaterait plutôt que de permettre à cet air d’entrer, car les molécules de
l’air ne pourraient être condensées, comme cela arriverait dans le cas où il y
aurait des interstices entre elles, interstices grâces auxquels, par
compression, le volume total deviendrait moindre. Mais cela n’est pas croyable
s’il n’y a aucun vide : les molécules se pressant les unes les autres et contre
les côtés du récipient, par leur surface entière elles ne peuvent être
repoussées de manière à former une chambre s’il n’existe pas de vide. Ainsi, par
aucun moyen, rien du dehors ne peut être introduit dans le globe sans que
quelque portion de l’air primitivement contenu ne s’échappe, si, comme le
supposent nos contradicteurs, l’espace entier est rempli d’une manière complète
et uniforme. Et cependant, si quelqu’un, introduisant le tube dans sa bouche,
souffle dans le globe, il y fera entrer une grande quantité d’air, sans
qu’aucune partie de celui qui y était à l’avance ait d’issue ; c’est là un
résultat que l’on peut toujours atteindre. Il est donc clairement démontré qu’
une certaine condensation des molécules contenues dans le globe, a lieu grâce
aux vides qui s’y trouvent disséminés, condensation obtenue, il est vrai, d’une
manière artificielle, par une introduction forcée d’air nouveau. Maintenant, si
après avoir soufflé dans le vase, nous appliquons la main contre la bouche, et
que nous couvrions rapidement le tube avec le doigt, l’air reste tout le temps
renfermé dans le globe ; et, en enlevant le doigt, l’air introduit ressortira
avec un bruit assez fort, chassé au dehors, comme nous l’avons dit, par
l’expansion de l’air primitif, qui reprend sa position, grâce à son élasticité.
De même, si nous faisons sortir
l’air du globe par une succion à travers le tube, il viendra en abondance,
quoique nulle autre matière ne prenne sa place dans le vase, ainsi que nous
l’avons dit dans le cas des coupes ovoïdes. Par cette expérience, il est prouvé
d’une manière complète que l’accumulation du vide s’accroît dans le globe ; car
les molécules d’air laissées en arrière ne peuvent se dilater dans les
intervalles qui les séparent au point d’occuper tout l’espace laissé libre par
celles qui ont été attirées à l’extérieur. Car, si elles prenaient quelque
accroissement de volume sans l’addition de matière étrangère, on pourrait
supposer que cet accroissement résulte de l’expansion, ce qui équivaut à une
disposition nouvelle des molécules, par suite de la production du vide. Mais, on
maintient qu’il n’y a pas de vide; donc, les molécules ne grandissent pas, car
il n’est pas possible de supposer pour elles un autre mode d’accroissement. Il
est donc évident, d’après ce qui a été dit, que certains espaces vides sont
disséminés entre les molécules de l’air, et que, lorsqu’on soumet ces dernières
à quelque force, elles pénètrent dans ces espaces, contrairement à leurs
conditions naturelles.
L’air renfermé dans un récipient,
lorsque celui-ci est renversé dans l’eau, ne doit pas subir une forte
compression, car la force qui le comprime est peu considérable, puisque l’eau,
par elle-même, n’a ni un très grand poids, ni un très grand pouvoir de
compression. C’est ce qui fait que, quoique les plongeurs au fond de la mer
supportent sur leurs épaules un poids d’eau énorme, leur souffle n’est pas
repoussé à l’intérieur par l’eau, quoique la quantité d’air contenue dans nos
narines soit très faible. C’est ici le lieu d’examiner la raison que l’on donne
de ce fait, que ceux qui plongent à de grandes profondeurs ne sont pas écrasés
par le poids considérable de l’eau qu’ils supportent. Quelques personnes disent
que cela tient à ce que le poids de l’eau est uniforme dans toute sa masse, mais
cela n’explique pas pourquoi les plongeurs ne sont pas asphyxiés par l’eau qui
est au-dessus d’eux. La raison véritable de ce fait peut se donner comme il suit
: considérons la colonne de liquide directement au-dessus de l’objet soumis à la
pression et qui est en contact immédiat de l’eau, comme un corps ayant le même
poids et la même forme que le liquide qui est au-dessus de l’objet; supposons ce
corps placé dans l’eau de telle manière que sa surface intérieure coïncide avec
celle de l’objet soumis à la pression, et qu’il reste sur ce dernier de la même
manière que le liquide qui le couvrait originairement, auquel il correspond
exactement. Il est clair alors, que ce corps ne fera pas saillie au-dessus du
liquide dans lequel il est immergé, et qu’il ne plongera pas au-dessous de son
niveau ; car Archimède a démontré dans son traité des « Corps flottants », que
les objets du même poids qu’un liquide donné, dans lequel ils sont plongés, ne
devaient ni s’élever au-dessus de son niveau, ni plonger au-dessous, ni par
conséquent exercer de pression sur les objets au-dessous. Puisqu’un tel corps,
si on en écarte tous les objets qui exercent sur lui des pressions par-dessus,
reste stationnaire, comment n’ayant aucune tendance à descendre, pourrait-il
exercer quelque pression?
De même, le liquide qui tient la
place de ce corps supposé n’exerce aucune pression sur les objets au-dessous;
car, en ce qui concerne le repos et le mouvement, ces deux corps ne diffèrent en
rien l’un de l’autre.
On peut aussi se rendre compte de
l’existence d’espaces vides par les considérations suivantes. S’il n’y avait pas
d’espaces semblables, ni la lumière, ni la chaleur, ni aucune autre force
matérielle ne pourrait se frayer un passage à travers l’eau, l’air ou n’importe
quel autre corps ; comment, par exemple, les rayons du soleil pourraient-ils à
travers l’eau pénétrer jusqu’au fond d’un vase? Si ce fluide n’avait pas de
pores, lorsque les rayons frappent avec force la surface d’un vase plein d’eau,
ce liquide devrait nécessairement déborder, ce qui cependant n’a pas lieu. De
plus, les rayons heurtant violemment la surface de l’eau, il ne devrait pas
arriver que les uns soient réfléchis, tandis que d’autres pénètrent plus bas :
or, on sait que ceux de ces rayons qui frappent contre des molécules d’eau sont
pour ainsi dire repoussés et réfléchis, tandis que ceux qui se trouvent en
contact avec des espaces vides, ne rencontrant que peu de molécules, pénètrent
jusqu’au fond du vase. Une autre preuve de l’existence des vides dans l’eau,
c’est qu’en versant du vin dans l’eau, on le voit se répandre à travers toute la
masse de l’eau, ce qui n’arriverait pas si celle-ci ne présentait pas de vide.
Encore un exemple: une lumière en traverse une autre; en effet, lorsque
plusieurs lampes sont allumées, tous les objets sont vivement éclairés, les
rayons frappant dans toutes les directions les uns à travers les autres. Il est
même possible de pénétrer à travers le bronze, le fer ou toute autre matière,
comme il est facile de le voir dans le cas du poisson connu sous le nom de
torpille marine.
Nous avons démontré la possibilité
de produire un vide parfait, par l’application d’un vase léger à la bouche, et
par les ventouses des médecins. Donc, en ce qui concerne la nature du vide,
quoiqu’il en existe bien d’autres preuves, nous devons considérer comme
suffisantes celles que nous avons données. Elles sont basées sur le témoignage
de nos sens, et nous permettent d’affirmer, que tout corps est composé de
molécules très petites, entre lesquelles se trouvent des vides d’une étendue
moindre que ces molécules elles-mêmes. Nous sommes par conséquent autorisés à
dire qu’il ne peut exister de vide dans la nature que sous l’action de quelque
force et que toute portion de l’espace est remplie d’air, d’eau ou de toute
autre matière et qu’à mesure que quelqu’une de ces molécules se déplace une
autre la suit et remplit le vide qu’elle a laissé; ainsi le vide continu
n’existe point dans la nature sans l’intervention d’une certaine force; et, je
le répète encore, le vide absolu n’existe pas de lui-même, mais se produit en
violentant la nature.
Des Siphons.
Ces choses clairement exposées,
occupons-nous des théorèmes qui découlent de ces principes; ils nous feront
découvrir bien des mécanismes curieux et étonnants. Nous commencerons par
décrire les siphons recourbés; ce sont en effet des instruments très utiles dans
la plupart des appareils pneumatiques.
Siphon recourbé.

Soit un siphon
recourbé, c’est-à-dire un tube ΑΒΓ
dont la branche ΑΒ
est plongée dans un vase ΔΕ
renfermant de l’eau, le niveau de l’eau étant représenté par la droite ΖΗ.
La branche ΑΒ
du siphon sera remplie d’eau jusqu’à ce niveau ΖΗ,
c’est-à-dire dans la partie ΑΘ,
mais la partie ΘΒΓ sera pleine d’air.
Si alors nous attirons cet air par l’orifice Γ,
le liquide le suivra par l’impossibilité, exposée ci-dessus, d’un vide continu.
Si l’orifice Γ
est sur le prolongement de la droite ΖΗ,
le siphon, quoique plein d’eau, ne laissera pas sortir l’eau mais restera plein.
Ainsi, quoique le mouvement ascendant soit en contradiction avec la nature,
l’eau sera élevée au point de remplir le siphon et elle restera en équilibre
comme les plateaux d’une balance, la portion ΘΒ
étant élevée et la portion ΒΓ
suspendue. Mais, si l’orifice extérieur du siphon est au-dessous de la droite
ΖΗ,
en Κ par exemple, l’eau
s’écoule parce que la partie ΚΒ,
qui est plus lourde que la partie ΒΘ,
l’emporte et l’entraîne; toutefois L’écoulement ne dure que jusqu’au moment où
le niveau de l’eau arrive à hauteur de l’orifice Κ et il cesse
alors de nouveau pour la même raison que ci-dessus. Si l’orifice extérieur du
siphon est encore au-dessous du point Κ, en Α
par exemple, l’écoulement dure jusqu’à ce que le niveau de l’eau atteigne
l’orifice si alors nous voulons faire sortir toute l’eau du vase, nous devrons
enfoncer le siphon jusqu’à ce que son extrémité Α
atteigne le fond en ne laissant que l’espace nécessaire pour le passage de
l’eau.
Il y en a qui ont expliqué de même
le jeu du siphon, mais ils ont dit que la branche la plus longue attirait la
plus courte parce qu’elle contenait plus d’eau. C’est là une erreur; on se
tromperait grandement si, se fiant à cette explication, on cherchait à élever
par ce moyen l’eau d’un niveau inférieur. Nous le démontrons ainsi : soit un
siphon recourbé dont la branche extérieure est longue et étroite tandis que la
branche intérieure est plus courte, mais d’un plus grand diamètre; après avoir
rempli d’abord le siphon d’eau, plongeons la grande branche dans un vase plein
d’eau ou dans un puits et laissons ensuite s’écouler l’eau; la branche
extérieure, contenant plus d’eau que l’autre, devrait attirer l’eau de la longue
branche qui, elle-même, devrait faire monter l’eau du puits; de plus
l’écoulement, une fois commencé, devrait continuer indéfiniment puisque la
quantité de liquide au dehors est supérieure à celle qui est dans la branche
intérieure; mais les choses ne se passent point ainsi. La raison proposée n’est
donc pas la vraie, et nous allons chercher la cause naturelle de ce phénomène.
On sait que tout liquide, dont les
différentes parties sont en communication et qui est en repos, prend une surface
libre, sphérique, dont le centre est le centre de la terre; s’il n’est pas en
repos, il coule jusqu’à ce que la surface libre devienne sphérique, comme je
viens de le dire. Prenons donc deux vases; versons de l’eau dans les deux,
remplissons un siphon, et, ayant soin d’en boucher les deux orifices avec les
doigts, faisons pénétrer chacune des deux branches dans l’un des vases précités
en descendant en contrebas du niveau de l’eau; toute la masse liquide deviendra
ainsi continue, car le liquide de chacun des deux vases sera en communication
avec celui du siphon, de telle sorte que tout se tient. Si les surfaces des
liquides se trouvaient au même niveau dans les deux vases avant l’opération, ces
liquides resteront tous deux en repos quand le siphon y sera plongé; mais si le
niveau primitif n’était pas le même, la masse liquide devenant continue, l’eau
s’écoulera inévitablement dans le vase le plus bas jusqu’à ce qu’elle atteigne
le même niveau dans les deux vases ou que l’un des deux vases soit vidé.
Supposons que les surfaces libres des liquides arrivent à la même hauteur, elles
seront alors en équilibre, de telle sorte que le liquide contenu dans le siphon
sera lui-même en équilibre. Concevons maintenant que le siphon soit coupé
suivant le plan de la surface des liquides qui sont dans les vases, le liquide
qui est dans le siphon sera encore en équilibre; si nous le soulevons sans
l’incliner ni d’un côté ni de l’autre, il sera encore en équilibre; cela
arrivera aussi bien quand les deux branches du siphon auront le même diamètre
que quand ce diamètre sera très différent dans chaque branche: car, la raison
qui fait que le liquide reste en repos ne tient point à cette particularité,
mais à ce que les deux orifices sont au même niveau.
Comment se fait-il donc que, quand
on élève le siphon, l’eau ne retombe point par son propre poids, n’ayant en
dessous d’elle que l’air qui est plus léger? C’est parce qu’un lieu ne peut être
absolument vide. Pour que l’eau pût couler, il faudrait d’abord remplir la
partie supérieure du siphon dans laquelle l’air ne peut actuellement pénétrer;
si donc nous perçons un trou à la partie supérieure du siphon, l’air trouvera un
passage et l’eau se partagera immédiatement en deux parties. Avant le percement
du trou, le liquide du siphon, reposant sur les couches d’air situées
au-dessous, tend à le chasser devant lui, et cet air, ne pouvant aller nulle
part, empêche le passage de l’eau; mais lorsque, par le percement du trou, l’air
a trouvé un espace à occuper, il ne peut plus résister à la pression de l’eau et
s’écarte.
C’est pour la même raison que nous
pouvons élever du vin par la bouche à l’aide d’un siphon, bien que ce mouvement
d’ascension ne soit pas naturel. En effet, quand nous avons reçu dans notre
corps l’air qui se trouvait dans le siphon, nous sommes devenus plus pleins
qu’auparavant et nous pressons l’air qui nous touche; cet air presse lui-même de
proche en proche jusqu’à ce que la pression arrive à la surface du vin , et
alors le vin comprimé s’élève dans la partie du siphon qui a été vidée, car il
n’y a pas d’autres lieu où il puisse se porter sous l’influence de la pression.
C’est ainsi que s’explique le mouvement ascendant du vin, mouvement qui n’est
point naturel.
Nous allons d’ailleurs démontrer
que l’eau doit rester en repos dans un siphon quand sa surface libre est
sphérique et concentrique à celle de la terre.
En effet, supposons que ce liquide
ne soit pas en repos; il y viendra après avoir bougé, sa surface libre sera
alors sphérique et concentrique à celle de la terre, et coupera la première
surface; car, puisque le même liquide a occupé deux positions, il doit y avoir
une ligne d’intersection commune aux deux. Coupons les deux surfaces par un plan
passant par le centre de la terre; leurs intersections avec ce plan seront deux
circonférences de cercles concentriques à la terre. Soient ΛΒΓ,
ΖΒΔ
ces deux circonférences; joignons le point Β
au point Ν,
ΒΝ
devrait être égal à chacune des lignes ΝΖ
et ΝΑ,
ce qui est absurde. Donc le liquide sera en équilibre.

Diabète à cloche.

Il y a une autre espèce de siphon
appelé diabète concentrique ou diabète à cloche, dont le principe
est le même que celui du siphon recourbé.
Soit, comme dans le cas précédent,
un vase ΑΒ plein d’eau; un tube
ΓΔ
en traverse le fond auquel il est soudé et qu’il dépasse en dessous ; l’orifice
G ne doit pas
communiquer avec l’ouverture du vase ΑΒ, mais le tube doit
être à l’intérieur d’un autre tube ΕΖ qui l’enveloppe à une
distance constante et dont l’extrémité supérieure doit être bouchée par un petit
disque ΕΗ
peu distant de l’orifice Γ;
l’orifice inférieur du tube ΕΖ
doit être assez éloigné du fonds du vase pour laisser passer l’eau. Les choses
ainsi disposées, si nous aspirons comme tout à l’heure, par l’orifice Δ,
l’air qui est dans le tube ΓΔ,
nous attirerons en même temps l’eau qui est dans le vase ΑΒ,
de manière à la faire couler, et toute l’eau qui est dans le vase ΑΒ
s’écoulera à cause de la saillie du siphon au-dessous du vase. En effet, la
quantité d’air renfermée entre le liquide et le tube ΕΖ
étant peu considérable, cet air peut passer dans le tube ΓΔ
et entraîner l’eau avec lui. L’écoulement se continuera jusqu’au bout, à cause
de la saillie inférieure; car, si le tube ΕΖ n’existait pas, l’eau
cesserait de couler lorsque le niveau de l’eau serait descendu en Γ,
malgré l’existence de la saillie; mais comme, lorsque le tube ΕΖ
est complètement immergé, l’air ne peut entrer par dessous, l’écoulement ne
s’arrêtera pas et l’air qui entre dans le vase ΑΒ prendra la
place de l’eau qui s’en va. En effet, l’eau qui occupe la totalité de l’orifice
extérieur du tube est toujours à un niveau plus bas que la surface de l’eau dans
le vase et, comme un niveau unique ne peut être atteint, toute l’eau sera
entraînée au dehors, l’attraction s’exerçant par la colonne la plus longue. Si
nous ne voulons pas aspirer par la bouche l’air qui est contenu dans le tube
ΓΔ,
nous verserons de l’eau dans le vase ΑΒ, jusqu’à ce que,
cette eau arrivant dans le tube ΓΔ par sa partie
supérieure, l’écoulement commence; dans ce cas encore, toute l’eau sortira.
L’appareil ΓΔΕΖ
s’appelle, ainsi qu’on l’a dit, siphon à cloche ou
diabète à cloche.
Il résulte des explications
données plus haut que, quand le siphon reste immobile, son écoulement est
irrégulier. Les choses se passent en effet comme dans le cas d’un vase dont
l’eau s’écoule par un orifice percé au fond ; le débit y est irrégulier parce
que, au commencement de l’écoulement, la sortie de l’eau est accélérée par un
poids plus considérable, et que cette pression est moindre quand la quantité de
liquide a diminué dans le vase. De même, plus est grande la différence de
longueur des branches du siphon, plus la vitesse d’écoulement est grande, car il
s’exerce une pression d’autant plus grande sur l’orifice de sortie que la
branche extérieure est plus longue; ou plutôt, qu’il y a une plus grande
différence de hauteur entre le niveau du liquide dans le vase et l’orifice de la
branche extérieure.
II est donc démontré que
l’écoulement à travers le siphon a toujours une vitesse variable ; il faut
trouver maintenant le moyen de le rendre uniforme.
Siphon à écoulement uniforme.

Soit ΑΒ
un vase contenant de l’eau sur laquelle flotte un petit bassin ΓΔ
dont l’ouverture est bouchée par un obturateur ΓΔ.
A travers cet obturateur et le fond du petit bassin, faisons passer l’une des
branches d’un siphon, en ayant soin de les souder aux deux trous avec de l’étain
; l’autre branche doit se trouver en dehors du vase ΑΒ
et avoir son orifice plus bas que la surface de l’eau qui est dans le vase. Si
nous aspirons l’air du siphon par la branche extérieure, l’eau le suivra par
suite de l’impossibilité d’un vide continu dans le siphon, et le siphon, ayant
commencé à couler, continuera jusqu’à épuisement total de l’eau du vase; mais
cet écoulement aura lieu uniformément puisque la différence de niveau entre
l’extrémité de la branche extérieure du siphon et la surface du liquide ne varie
point, le petit bassin descendant avec le siphon à mesure que le vase se vide.
Plus grande sera cette différence de niveau, plus grande sera la vitesse
d’écoulement, mais toujours uniforme. Le siphon décrit est représenté en ΕΖΗ
et La surface de l’eau par la droite ΘΚ.
Siphon dont l’écoulement est à la fois uniforme et variable.


Par la disposition suivante, on
peut produire un écoulement qui soit à la fois uniforme et variable; j’entends
par là que l’écoulement sera uniforme dès le commencement, pendant le temps que
nous voudrons; puis que, pendant une autre période à notre gré, il sera encore
uniforme mais plus rapide ou plus lent.
Soit, comme précédemment, ΑΒ
un vase plein d’eau et ΓΔ un bassin; à
travers le couvercle et le fond du bassin faisons passer un tube plus large que
la branche intérieure du siphon, et que ce tube ΛΜ soit soudé au
couvercle et au fond du bassin. Sur le couvercle, posons un petit cadre formé de
barres disposées en forme de II; soit ΓΝΞΔ
ce cadre.
Les faces internes des deux
montants portent, sur toute leur hauteur, des rainures dans lesquelles se meut
librement une autre barre ΟΠ.
Soit encore une vis ΠΣ
placée perpendiculairement sur le couvercle ΓΔ
et passant par un trou percé dans la barre ΟΠ à laquelle est
fixée une cheville disposée de manière à s’engrener dans l’hélice de la vis.
Cette vis doit s’élever au-dessus de
NX ; de plus il faut y
adapter une poignée pour la tourner et relever ou abaisser par ce moyen la barre
ΟΠ.
La branche intérieure du siphon doit être fixée à la barre ΟΠ
et passer à travers le tube ΛΜ
de manière que son orifice puisse plonger dans l’eau du vase. Si maintenant nous
aspirons comme précédemment le liquide par la branche extérieure, le siphon
coulera avec une vitesse uniforme jusqu’à ce que toute l’eau soit épuisée. Quand
nous voudrons produire dans le siphon un écoulement plus rapide, quoique
toujours uniforme, nous tournerons la vis de manière à abaisser la barre ΟΠ;
en effet, par ce moyen, l’excès de longueur de la branche extérieure sera accru
et alors l’écoulement aura lieu avec une vitesse toujours uniforme mais plus
grande que précédemment. Si nous voulions une vitesse encore plus grande, nous
tournerions encore la vis de façon à baisser encore la barre ΟΠ;
si au contraire nous voulions diminuer la vitesse, nous ferions remonter la
barre ΟΠ.
C’est ainsi que l’on peut, à l’aide d’un siphon, produire un écoulement qui soit
à la fois uniforme et variable.
Appareil pour amorcer un siphon sans le secours de la bouche.

Pour éviter d’aspirer l’eau avec
la bouche, chose qui n’est possible qu’avec les très petits tubes, on emploiera
la disposition suivante:
Soit un système de tubes
s’engageant à frottement l’un dans l’autre, le mâle étant fixé à la branche
extérieure d’un siphon, de manière que l’écoulement se fasse par lui. Soit
ΘΝ le mâle et ΤΦ la femelle qui doit
d’avance être lutée sur l’ouverture d’un vase ΧΨ
renfermant un peu plus d’eau que le siphon n’en peut contenir,
et ayant au fond un orifice Ω.
Quand on désire aspirer l’eau du vase
AB, on ferme avec le
doigt l’orifice du vase et on le remplit d’eau; puis, adaptant le tube mâle au
tube femelle, on ouvre l’orifice Ω. Le vase ΧΨ
se vidant, l’air du siphon passe dans l’espace vide et le liquide qui est dans
le vase ΑΒ
sort de manière à remplir Le siphon; alors on retire le vase ΧΨ
et on laisse couler le siphon.
Pour que l’écoulement se fasse
convenablement, le siphon doit être vertical. On y arrive en fixant au rebord du
vase ΑΒ
deux règles, et en plaçant la branche intérieure du siphon entre ces barreaux de
manière à les toucher tous deux; puis, de chaque côté de cette même branche, on
enfonce à l’intérieur (des règles) une petite cheville qui presse contre le
tube; de cette façon celui-ci ne pourra s’incliner ni en avant ni en arrière, ni
à droite ni à gauche; mais, les chevilles étant bien affermies entre les règles,
il descendra exactement suivant la verticale.
Appareil divers.
Nous allons maintenant expliquer
la construction des appareils qui sont établis dans un but d’utilité et nous
commencerons par les moins importants, qui sont pour ainsi dire les éléments
[des autres].
I.
Appareil pour puiser le vin.
Voici un petit appareil utile pour
puiser le vin.
On construit une petite sphère
creuse en airain, telle que
AB,
dont la partie inférieure est percée d’un grand nombre de petits trous comme un
crible. La partie supérieure est traversée par un tube creux ΓΔ
qui est soudé à la sphère et dont l’orifice du haut débouche au dehors.
Quand on veut puiser du vin, d’une
main on saisit le tube ΓΔ
près de l’orifice Γ
et on plonge la sphère dans le vin jusqu’à ce qu’elle soit totalement immergée;
le vin entre par les trous et l’air intérieur est chassé par le tube ΓΔ.
Si ensuite, en appuyant le pouce sur l’orifice Γ,
on sort la sphère du vin, le vin qui est dans la petite sphère ne s’écoulera
pas; en effet, l’air ne pourrait entrer pour remplir le vide que par l’orifice
Γ,
et cet orifice est bouché avec le pouce.
Quand on veut laisser couler le
vin, on retire le doigt et l’air en entrant remplit l’espace où le vide se
produit. En pressant de nouveau avec le doigt l’évent Γ,
le vin ne coulera plus jusqu’à ce qu’on retire encore une fois le doigt de
l’orifice.
On peut aussi, en plongeant la
petite sphère dans de l’eau chaude ou froide, y faire pénétrer une certaine
quantité de celle-ci et ensuite laisser s’écouler le liquide en telle proportion
que l’on voudra jusqu’à ce que le vase soit totalement vide.
Si l’extrémité Γ
du tube ΓΔ
est recourbée, il n’y aura rien de changé dans les phénomènes; on aura même plus
de facilité à boucher l’orifice avec le doigt.
II. Appareil laissant couler â volonté de l’eau chaude et de
l’eau froide.

On peut, par le même moyen, donner
à volonté de l’eau chaude ou de l’eau froide avec une même petite sphère.
On construit une petite sphère
ΑΒ semblable à la précédente, sauf une
cloison verticale ΓΔ
qui la divise en son milieu. Un tube ΕΖ
est également soudé à la petite sphère et communique avec l’intérieur; dans ce
tube existe une cloison ΓΗ
qui est la continuation de la cloison ΓΔ,
et les deux orifices supérieurs Θ et
K
[ainsi produits] doivent se recourber du côté de
E et de
Z.
De part et d’autre de la cloison ΓΔ, au fond de la petite
sphère AB
et autour du point Δ,
il y a des trous semblables à ceux qu’on voit dans les écumoires de cuisine et
qui forment une espèce de crible.
Quand on veut puiser de l’eau
chaude, on bouche les ouvertures Θ
et K
avec deux doigts, on plonge la petite sphère dans l’eau chaude, puis on ouvre
l’un des orifices, Θ par exemple, de
façon que l’air de l’hémisphère ΒΤΔ puisse être chassé
par le trou Θ;
l’eau chaude, entrant par le crible, remplira l’hémisphère ΒΤΔ.
Rebouchant alors le trou Θ,
en sortant la petite sphère de l’eau, son contenu ne s’échappera pas parce que
l’air n’a pas d’entrée. Alors de la même manière, on plonge la petite sphère
dans l’eau froide, on ouvre l’orifice
K et, quand l’hémisphère
ΑΓΔ
est plein, on rebouche
K
et on ressort la petite sphère qui se trouve alors remplie d’eau chaude et d’eau
froide, de sorte que, selon que l’on veut donner issue à l’une ou à l’autre, on
ouvre l’orifice qui lui correspond; on peut encore le refermer quand on veut
arrêter l’écoulement et répéter l’opération jusqu’à ce que tout soit vidé.
Il est également possible de
remplir le même vase, d’un côté avec du vin, de l’autre avec de l’eau froide ou
chaude ou un autre liquide quelconque. On peut même faire écouler autant de
liquides et en telles proportions que l’on voudra en multipliant les cloisons et
les orifices par lesquels l’air peut pénétrer dans chaque compartiment et en
sortir.
Au lieu d’issues recourbées, on
peut faire à la partie supérieure de la paroi du tube, dans des endroits
convenables, un certain nombre de trous qu’on pressera avec les doigts quand on
voudra les boucher.
Pour rendre invisibles les
cribles, on les recouvrira d’un conduit unique; les divers liquides sembleront
ainsi couler de la même source.
III.
Aiguière disposée de manière à recevoir et à écouler une
plus ou moins grande quantité de liquide dans un temps donné, et telle que, si
l’on y a introduit de l’eau et du vin, elle verse pendant un certain temps de
l’eau pure, pendant un autre temps du vin pur et enfin un mélange des deux.

On la construit ainsi :
Soit ΑΒ
une aiguière divisée en son milieu par un diaphragme ΓΔ,
dans lequel on a percé des trous comme ceux d’un crible, disposés sur un segment
en E
près du ventre du vase. Dans ce même diaphragme et sur la ligne médiane on a
également percé un trou rond Ζ
par lequel on fait passer le tube ΖΗΘ soudé au diaphragme
et arrivant en H
jusque près du fond du vase. L’autre extrémité Θ
du tube sort, sur le côté de l’aiguière, sous l’anse avec laquelle elle est
soudée et en communication, cette anse étant creuse et présentant, à sa partie
supérieure, un trou K
qui peut être bouché avec le doigt quand cela est nécessaire.
Si alors, fermant l’évent
K
comme je viens de le dire, on introduit un liquide dans l’aiguière, ce liquide
restera dans le compartiment supérieur, ne pouvant descendre par le crible dans
le compartiment inférieur, à cause de l’air qui n’a pas d’autre issue que
l’évent K.
Si maintenant nous ouvrons cet orifice, le liquide descendra dans le
compartiment inférieur et l’aiguière pourra en recevoir une nouvelle quantité.
On peut commencer par verser du
vin de manière à remplir le compartiment ΒΓΔ
puis, fermant l’évent, verser de l’eau par dessus. Ces deux liquides ne se
mélangeront pas et, si nous penchons l’aiguière, elle ne donnera issue qu’à de
l’eau pure; mais, si nous ouvrons l’orifice, l’eau continuera à couler et le vin
coulera aussi puisque l’air peut entrer par l’évent et remplir l’air qui se
produit enfin le vin coulera pur. On peut aussi verser l’eau d’abord, puis,
bouchant le trou, du vin par-dessus, de manière à donner aux uns du vin pur, à
d’autres du vin mouillé enfin à ceux que nous voudrons mystifier, de l’eau.
IV.
Construire une sphère creuse ou tout autre vase dans lequel,
si l’on verse un liquide, on puisse le faire s’élever spontanément avec une
grande force de manière à vider le vase quoiqu’un tel mouvement soit contraire à
la nature.
La construction se fait ainsi:
Soit une sphère de la contenance
d’environ 6 cotyles (1 litre 1/2) dont les parois sont faites avec un métal
assez résistant pour supporter la pression de l’air qu’on va produire. Plaçons
cette sphère
AB sur une base
quelconque Γ,
à travers une ouverture percée à sa partie supérieure, on introduit un tube qui
descend jusqu’à la partie de la sphère diamétralement opposée au trou, en y
laissant toutefois un espace suffisant pour le passage de l’eau. Ce tube fera
une légère saillie au-dessus de la sphère à l’ouverture de laquelle il est soudé
et il se divisera en deux branches ΔΗ
et ΔΖ
auxquelles sont fixés deux tubes recourbés ΗΘΚΑ et ΖΜΝΞ qui communiquent
intérieurement avec ΔΗ et ΔΖ.
Enfin, dans ces tubes ΗΘΚΑ et ΖΜΝΞ
et en communication avec eux doit être adapté un autre tube ΠΟ
duquel sort à angle droit un tube mince ΡΣ
communiquant avec lui et terminé en Σ par un petit orifice.
Si, prenant à la main le tube ΡΣ, nous faisons tourner
sur lui-même le tube ΠΟ,
les deux trous qui se correspondaient ne pourront plus établir la communication,
et le liquide qui s’élèvera ne trouvera plus d’issue. Alors, à travers une autre
ouverture dans la sphère, on insère un autre tube ΤΥΦ,
dont l’orifice inférieur Φ
est fermé, mais qui a sur le côté vers le fond en Χ
un trou rond auquel est adaptée une petite soupape, du genre de celles que les
Romains appellent assarium
et dont nous
exposerons plus loin la construction.
Dans le tube ΥΦΤ
on insère à frottement un autre tube [massif] ΨΩ.
Retirons maintenant le tube
ΨΩ, et versons un liquide dans le tube
ΥΘΤ,
ce liquide entrera dans la cavité de la sphère par le trou Χ,
la soupape s’ouvrant à l’intérieur, et l’air s’échappera par les trous du tube
ΟΠ
dont nous avons déjà parlé et qu’on a disposés de manière à communiquer avec les
tubes ΗΘΚΛ
et ΖΜΝΞ.
Une fois la sphère à demi pleine de liquide, on incline le petit tube ΡΣ
de manière à supprimer la communication entre les trous correspondants; alors on
enfonce le tube ΨΩ et on chasse
dans l’intérieur de la sphère l’air et le liquide contenus dans ΤΥΦ,
ce qui nécessite une certaine force, car la sphère est elle-même pleine de
liquide et d’air ; cette introduction est rendue possible par la compression de
l’air qui se resserre dans les espaces vides qu’il contient en lui-même.
Retirons encore le tube ΨΩ
de manière à remplir d’air le tube ΤΥΦ;
enfonçons de nouveau le tube ΨΩ
et poussons cet air dans la sphère. En répétant cette opération plusieurs fois
de suite, nous finirons par avoir dans la sphère une grande quantité d’air
comprimé. Il est clair, en effet, que l’air introduit de force ne peut pas
s’échapper quand la tige du piston est relevée, puisque la soupape, pressée par
l’air intérieur, reste fermée. Si alors, replaçant le tube ΡΣ
dans la position verticale, nous rétablissons la communication entre les
ouvertures correspondantes, le liquide sera chassé à l’extérieur par l’air
comprimé qui reviendra au volume qui lui est propre et qui pressera le liquide
placé au-dessous de lui. Si la quantité d’air comprimé est considérable, il y
aura expulsion non seulement de tout le liquide, mais encore de l’air en excès.
Voici maintenant la construction
de la soupape dont j’ai parlé.


Prenez deux plaques d’airain de
forme carrée ayant environ un doigt (0,027 m) de côté et épaisse comme une règle
de charpentier; ces deux plaques, accolées suivant leurs faces, sont usées l’une
contre l’autre à l’émeri, c’est à-dire polies de telle manière que ni air ni
liquide ne puisse passer entre elles. Soient ΑΒΓΔ
et ΕΖΗΘ
ces deux plaques, au milieu de l’une d’elles ΕΖΗΘ,
on perce un trou circulaire d’environ un tiers de doigt (0,01) de diamètre.
Alors adaptant les deux plaques suivant l’arête ΕΘ on les réunit
entre elles par des charnières, de telle sorte que les surfaces polies
coïncident l’une avec l’autre. Quand on doit se servir de cette soupape, on
adapte la lame ΕΖΗΘ
sur l’ouverture destinée à l’introduction de l’air ou du liquide que l’on veut
comprimer, la pression fait ouvrir la plaque ΑΒΓΔ
qui se meut très facilement autour de ses charnières et laisse entrer soit l’air
soit le liquide dans le vase étanche où il se trouve ensuite enfermé et où il
repousse la plaque ΑΒΓΔ,
fermant ainsi le trou par lequel l’air est entré.
V.
Construire un autel de telle manière que, quand on allume du
feu par-dessus, les statues qui sont sur les côtés fassent des libations.
Soit un piédestal ΑΒΓΔ
sur lequel sont placés des statues et un autel ΕΖΗ
fermé de toutes parts. Le piédestal doit également être hermétiquement clos; il
communique avec l’autel en
H;
il est aussi traversé par le tube ΘΚΔ,
peu éloigné du fond du côté de Δ et venant aboutir une
coupe que tient la statue en Θ.
On verse de l’eau dans le piédestal par un trou
M
que l’on bouche ensuite. Si donc on allume du feu sur l’autel ΕΖΗ,
il arrivera que l’air intérieur dilaté pénétrera dans le piédestal et en
chassera l’eau ; mais celle-ci, n’ayant d’autre issue que le tube ΘΚΛ,
monte dans la coupe et la statue fait ainsi une libation ; cela dure aussi
longtemps que dure le feu. En éteignant le feu, la libation cesse et elle
recommence autant de fois qu’on le rallume. Il faut du reste que le tube par
lequel la chaleur doit s’introduire soit plus large au milieu; il est nécessaire
en effet que la chaleur, ou plutôt que le souffle qu’elle produit, s’accumule
dans un renflement pour avoir plus d’effet.
VI.
Il y a des vases qui ne peuvent rien verser à moins d’être
pleins, mais qui, une fois pleins, laissent échapper tout le liquide qu’ils
contiennent.

On les construit comme il suit:
Soit ΑΒΓΔ
un vase sans goulot, à travers le fond duquel passe un tube qui peut être ou un
diabète à cloche ΕΖΗΘ ou un siphon
recourbé ΗΘΚ.
Quand le vase ΑΒΓΔ
est plein et que l’eau recouvre les siphons, l’écoulement s’établit par ces
siphons et continue jusqu’à ce que le vase soit vide si l’orifice inférieur du
siphon est assez près du fond du vase pour ne laisser que le passage nécessaire
à l’eau.
VII.
Deux vases étant placés sur un même piédestal, l’un étant
plein de vin et l’autre vide et tous les deux étant munis de goulots ouverts, le
vin ne coulera pas du vase plein jusqu’à ce que le vase vide soit rempli d’eau;
alors le vin commencera à couler de l’un des vases et l’eau de l’autre jusqu’à
ce que tous les deux soient vides. On les appelle les vases concordants.

Soit ΑΒΓΔ
le piédestal sur lequel reposent les vases
E
et Z,
dans chacun desquels existe un siphon recourbé; soient, ΗΘΛ
dans le vase E et ΛΜΝ
dans le vase Z
ces siphons, dont les extrémités extérieures sont disposées comme un goulot de
fontaine et dont les parties coudées doivent arriver presque jusqu’à l’orifice
des vases [et être au même niveau]; soit enfin ΞΟΠΡ
un autre tube recourbé qui, passant à travers le piédestal, réunit les deux
vases et dont les orifices Ξ
et Π
débouchent à la hauteur des coudes des siphons.
Versons maintenant du vin dans le
vase
E en ayant soin que la
surface du liquide ne dépasse pas le coude Θ; le vin ne
coulera pas parce que le siphon ne sera pas amorcé mais si nous versons ensuite
de l’eau dans le vase Z
de telle sorte que son niveau dépasse la courbure du siphon en
M,
l’eau s’écoulera [par le siphon ΔΜΝ]
et passera en même temps par le tube ΞΟΠΡ dans le vase
E
où elle fera commencer l’écoulement du vin. Les deux vases verseront alors à la
fois, l’un du vin, l’autre de l’eau, jusqu’à ce qu’ils soient vides tous deux.
VIII.
On peut construire des vases de telle manière que quand on
y verse de l’eau, on entend se produire le chant de la mésange ou un sifflement.

Voici leur construction:
Soit ΑΒΓΔ
un piédestal creux ; la paroi supérieure ΑΔ
sera traversée par un entonnoir ΕΖ dont le tube
affleurera le fond de manière à laisser le passage de l’eau et qui sera soudé
sur cette paroi supérieure. Soit aussi un petit tuyau ΗΘΚ destiné à
produire le son: il communiquera également avec le piédestal et sera soudé à la
paroi ΑΔ.
L’extrémité supérieure sera recourbée et son orifice
K
plongera dans un peu d’eau placée dans un petit vase Λ.
Si on verse de l’eau dans l’entonnoir
EZ, il en résultera que
l’air, qui est dans le piédestal, sera chassé dans le petit tuyau ΗΘΚ
et rendra ainsi un son. Si l’extrémité recourbée du tuyau plonge dans l’eau, ce
son sera modulé de façon à imiter le chant de la mésange; tandis que, s’il n’y a
pas d’eau, il ne se produira qu’un sifflement.
Les sons se produisent donc à
travers des tuyaux; mais ils varieront de nature suivant que ces tuyaux seront
plus ou moins larges, plus ou moins longs, et que la partie immergée sera
elle-même plus étroite ou plus courte; on peut arriver ainsi à imiter le chant
de divers oiseaux.
IX.
On peut disposer les figures de plusieurs de ces oiseaux soit
sur une fontaine, soit dans une grotte, soit dans tout autre lieu où existent
des eaux courantes. On placera prés d’eux un hibou qui tournera automatiquement
la tête vers eux ou du côté opposé. Quand il a la tête tournée, les oiseaux
chantent; quand il les regarde, ils se taisent; et cela peut se répéter
plusieurs fois.
Voici comment s’établit cet
appareil:
Soit
A
le jet d’une petite fontaine qui coule constamment; on place au-dessous une
caisse ΒΓΔΕ bien étanche munie
d’un diabète à cloche
HZ ou d’un siphon recourbé et dans
laquelle est inséré un entonnoir ΘΚ
dont le tube va presque jusqu’au fond de manière à ne laisser que le passage de
l’eau; cet entonnoir doit être pourvu de plusieurs petits tuyaux semblables à
ceux que nous avons décrits ci-dessus, tels que Λ.
Il arrivera que, tandis que la caisse ΒΓΔΕ se remplit d’eau,
l’air expulsé par les tuyaux imite ra le chant des oiseaux; mais, quand la
caisse sera pleine et que l’eau s’écoulera par le siphon
HZ,
les oiseaux ne chanteront plus.
Nous allons décrire maintenant les
dispositions employées pour faire tourner le hibou tantôt du côté des oiseaux
tantôt du côté opposé, ainsi que nous l’avons annoncé plus haut. Soit ΝΞ
un axe tourné, fixé sur une base
M
et sur lequel est ajusté un tube ΟΠ, de manière à pouvoir
tourner librement autour de cet axe; à l’extrémité supérieure de ce tube est
adapté un petit disque ΡΣ sur lequel le hibou
est solidement fixé. Autour du tube sont deux chaînes ΤΥ
et ΦΧ
enroulées en sens contraire et qui passent sur deux poulies. A l’extrémité de
ΤΥ
est suspendu un poids Ψ ; l’extrémité
de ΦΧ
est attachée à un vase vide Ω
placé au-dessous du siphon ou du diabète à cloche
ZH.
On voit que, quand la caisse
ΒΓΔΕ se vide, le liquide tombe dans le
vase Ω,
le tube on tourne ainsi que le hibou qui regarde alors les oiseaux. Mais,
lorsque la caisse ΒΓΔΕ
est vide, Le vase Ω se vide aussi à
l’aide d’un siphon ou d’un diabète à cloche qu’il contient; le poids Ψ,
reprenant alors le dessus, fait retourner le hibou, juste au moment où, la
caisse ΒΓΔΕ
se remplissant de nouveau, le chant des oiseaux recommence à se faire entendre.
X.
On peut, par un procédé semblable, faire sonner une trompette.
On insère dans une caisse,
hermétiquement close, le tube d’un entonnoir dont l’extrémité atteint presque le
fond et qui est soudé au couvercle de la caisse; à côté, une trompette munie de
son pavillon et de son anche est fixée d’une façon analogue et communique avec
la partie supérieure de la caisse. Quand on versera de l’eau dans l’entonnoir,
l’air qui est dans le vase, chassé à travers l’anche, produira le son.
XI.
Il y a certaines cornes à boire qui, après que l’on y a
introduit du vin, laissent couler, lorsqu’on y verse de l’eau, tantôt de l’eau
pure, tantôt du vin pur.
En voici la construction.
Soit une corne à boire ΑΒΓΔ
munie de deux diaphragmes ΔΕ
et ZH
à travers lesquels passe un tube ΘΚ
soudé à ces diaphragmes et percé d’un trou
L un peu
au-dessus du diaphragme ΖΗ.
Au-dessous du diaphragme il y a un évent
M
dans la paroi du vase.
Ces dispositions prises, si
quelqu’un, bouchant l’orifice de sortie Γ,
verse du vin dans la corne, ce vin coulera par le trou Λ
dans le compartiment ΔΕΖΗ, car l’air qui y est contenu peut
s’échapper par l’évent si maintenant nous bouchons l’évent
M, le vin qui est
dans le compartiment ΔΕΗΖ y sera retenu. Par conséquent si,
fermant l’évent M,
nous versons de l’eau dans la partie ΑΒΔΕ du vase, il
s’écoulera de l’eau pure [par l’orifice Γ]; si, ensuite, nous
ouvrons l’évent M
pendant qu’il y a encore de l’eau au-dessus du diaphragme supérieur, il
s’écoulera un mélange d’eau et de vin; puis, lorsque toute l’eau sera écoulée,
du vin pur.
En ouvrant et fermant plus souvent
l’évent
M, on peut faire varier
la nature de l’écoulement; ou, ce qui est mieux encore, on peut commencer par
remplir d’eau le compartiment ΑΕΖΗ, puis, fermant en
M,
verser le vin par dessus. Alors on verra s’écouler tantôt du vin pur, tantôt un
mélange d’eau et de vin quand l’évent
M
sera ouvert; tantôt encore du vin pur quand cet évent sera fermé de nouveau; et
cela se reproduira autant de fois que nous le voudrons.
XII.
Une coupe étant placée sur un piédestal et pleine de vin,
elle restera pleine quelle que soit la quantité qu’on y puise.

Soit
AB
un vase dont l’ouverture est fermée près du col par un diaphragme
GΓ.
Faisons passer à travers ce diaphragme un tube ΕΖ
qui arrive très près du fond; un autre tube ΗΘ traverse le
fond du vase et s’élève jusque près du diaphragme ΓΔ ;
enfin, le fond du vase est percé par un trou
K auquel est
adapté un petit tube ΚΛ.
Le vase ΑΒ doit être placé sur
un piédestal ΜΝΞΟ
dans lequel fait saillie l’extrémité du tube ΗΘ.
Soient encore ΠΡ
la coupe susdite et ΣΤ un tube
mettant en communication la base ΜΝΞΟ avec la coupe qui
doit arriver à la hauteur de l’orifice Θ du tube ΗΘ.
Quand on versera du vin par le
tube
EZ dans le vase
AB,
l’air s’échappera par le tube ΗΘ et le vin passera par
le petit tube ΚΛ,
s’il est ouvert, dans le piédestal et dans la coupe ΠΡ
mais, si ce tube est bouché, ce sera alors le vase
AB
qui se remplira. Faisons donc couler du vin dans la base ΜΝΞΟ
et dans la coupe ΠΡ
de manière que la coupe ΠΡ
soit pleine et que la base ΜΝΞΟ
soit remplie jusqu’à l’orifice Θ
du tube [ΗΘ].
Cela étant fait, fermons l’orifice
E ;
le vin qui est dans le vase
AB
ne pourra plus couler par le petit tube ΚΛ
puisque l’air ne peut plus entrer pour remplir le vide qui se produirait, car
cette entrée se faisait par l’orifice
E mais, si nous puisons
du vin dans la coupe, nous découvrons l’orifice Θ et alors, l’air
se glissant [par le tube ΗΘ], le vin s’écoulera
de nouveau dans la base et dans la coupe ΠΡ jusqu’à ce qu’elle
soit pleine, et cela se reproduira chaque fois que nous puiserons dans la coupe.
Il faudra que la base ΜΝΞΟ Soit percée d’un trou Ψ, afin que l’air
qui entre en remplacement dans le vase
AB par l’orifice
H
pénètre par ce trou.
XIII.
Si, en pratique, nous voulions établir d’une façon analogue, dans
quelque endroit, un bassin qui resterait toujours plein, bien qu’on en tirât une
grande quantité d’eau, il faudrait le construire ainsi
Soit
AB
un vase contenant une quantité d’eau égale à celle qui pourra être demandée, et
GL
un tube qui le met en communication avec une cuve
HQ placée plus bas. Près de ce tube on
installe un levier EZ
à l’extrémité E duquel on suspend une
rondelle de liège K
se balançant dans la cuve; à l’autre extrémité
Z
on accroche une chaîne portant un poids en plomb Ξ. Le tout doit
être disposé de telle sorte que : le liège
K flottant sur
l’eau [de la cuve] ferme l’orifice du tube; que, quand l’eau s’écoule, le liège
en descendant laisse libre cette ouverture; et enfin que, quand il arrivera une
nouvelle quantité d’eau, le liège remonte avec le niveau et ferme de nouveau le
tube; pour cela il faut que le liège soit plus lourd que le poids en plomb
suspendu en Ξ.
Soit maintenant ΛΜ le bassin
susdit dont les bords doivent être à la même hauteur que le niveau de l’eau dans
la cuve quand il n’y a pas d’écoulement par le canal à cause du flotteur en
liège. Soit encore un tube
QN
réunissant la cuve au fond du bassin.
Ainsi, le bassin une fois plein,
quand nous y puiserons de l’eau, nous ferons en même temps baisser le niveau de
l’eau dans la cuve et le liège, en descendant, ouvrira le tube. L’eau coulant
alors dans la cuve et de là dans le bassin fera remonter le liège et
l’écoulement cessera; cela se reproduira chaque fois que nous prendrons de l’eau
dans la coupe.
XIV.
Il y a des vases à ablutions tels que, si l’on y jette une
pièce de cinq drachmes, il s’en écoulera de l’eau pour les ablutions.
Soit un vase à ablutions (σποδεῖον)
ou un coffre ΑΒΓΔ
dont l’orifice A s’ouvre à la partie
supérieure. Dans ce coffre se trouve un vase ΖΗΘΚ contenant de
l’eau et une petite pyxide Λ
d’où part un tuyau ΛΝ qui débouche à
l’extérieur. Près de ce vase on place une règle verticale ΝΞ
autour [de l’extrémité supérieure] de laquelle se meut une autre règle à
oreilles ΟΠ
terminée en
O par un plateau Ρ
parallèle au fond du vase. A l’autre bout Π est suspendu un
couvercle Σ
qui s’ajuste à la pyxide Λ
de manière à empêcher l’eau de couler par le canal ΛΜ.
Il faut que le couvercle de la pyxide soit plus lourd que le plateau Ρ,
mais plus léger que le plateau et la pièce de monnaie.
Quand on jette une pièce par
l’orifice
A, elle tombe sur le
plateau Π
et son poids fait incliner la règle ΟΠ,
ce qui fait soulever le couvercle de la pyxide et couler l’eau ; mais la pièce
glissant ensuite au fond, le couvercle bouche de nouveau la pyxide et arrête
l’écoulement.
xv.
Des liquides de diverses espèces ayant été versés dans un vase par un orifice,
on demande de faire couler par un même goulot, à volonté et séparément, celui de
ces liquides qu’on choisira.
Soit ΑΒ
un vase dont le col est fermé par un diaphragme ΓΔ
et dans lequel se trouvent d’autres diaphragmes verticaux qui montent jusqu’à ce
diaphragme ΓΔ
et forment autant de compartiments qu’on veut verser de liquides différents.
Supposons, pour fixer les idées, que ce nombre soit de deux et soit ΖΕ
le diaphragme [qui les sépare]. Dans le diaphragme ΓΔ
on perce de petits trous comme ceux d’un crible, communiquant avec les
compartiments dont chacun doit avoir un évent
H ou Θ
; chacun de ces compartiments doit également communiquer, vers le fond du vase,
avec de petits tubes Κ
ou Λ
qui aboutissent à un même tuyau
M.
Si donc, ayant d’abord fermé les
évents
H et Θ
ainsi que le tuyau M,
nous versons l’un des liquides dans la partie supérieure du vase, ce liquide
n’entrera dans aucun des compartiments, l’air n’ayant aucune issue; mais, si
l’un des évents est ouvert, le liquide passera dans le compartiment
correspondant. Si ensuite, après avoir refermé cet évent, nous versons l’autre
liquide et ouvrons l’autre évent, le liquide tombera dans l’autre compartiment.
Maintenant, si nous bouchons tous
les évents en même temps que les trous du crible,
quand bien même le canal
M
serait ouvert, rien ne coulera; il faut ouvrir l’un des évents pour donner
entrée à l’air dans le compartiment correspondant, ce qui permet au liquide qui
y est contenu de s’échapper. Si on referme cet évent et qu’on ouvre l’autre un
effet analogue se produira.
XVΙ.
Étant donnés deux vases pleins sur un piédestal, l’un plein
de vin et l’autre vide, faire qu’une quantité quelconque d’eau étant versée dans
le vase vide, une quantité de vin équivalente s’écoule dans l’autre vase.

Voici la construction
Soient, sur un piédestal
AB,
deux vases ΓΔ et
EZ
dont les orifices
sont fermés par les diaphragmes ΗΘ
et ΚΛ ;
soit encore un tube ΜΝΞΟ qui passe à travers le piédestal et
se recourbe dans les vases de telle manière que ses extrémités
M
et O
arrivent tout près des diaphragmes. Dans le vase
EZ
on place un tube recourbé ΠΡΣ
dont la courbure doit se trouver près de l’orifice du vase; l’une de ses
branches débouche à l’extérieur et se termine comme goulot de fontaine. A
travers le diaphragme ΗΘ passe un entonnoir
ΤΥ
dont le tube est soudé à ce diaphragme et qui descend jusque tout près du fond
du vase [ΓΔ].
Dans le vase EZ on verse du vin par
un trou Φ
qu’on rebouche après l’introduction du liquide.
Si maintenant nous versons par
l’entonnoir de l’eau dans le vase ΓΔ,
il arrivera que l’air qui est dans ce vase sera chassé, qu’il pénétrera dans le
vase ΕΖ
par le tube ΜΝΞΟ,
et que le vin qui est dans ce dernier vase coulera en dehors. Ce phénomène se
reproduira chaque fois que nous verserons de l’eau, et il est évident que la
quantité de l’air expulsé est la même que celle de l’eau introduite et que celle
du vin qui s’écoule.
Tout cela pourrait encore se
produire quand bien même il n’y aurait en Σ
qu’un goulot au lieu d’un siphon, à la condition toutefois que la pression du
liquide ne l’emporte pas au goulot.
XVII.
Étant donnés un vase vide et un autre qui contient du vin,
on demande que, quelle que soit la quantité d’eau que nous versions dans le vase
vide, il s’écoule par un tuyau la même quantité d’un mélange d’eau et de vin
dans telle proportion qu’on voudra, par exemple deux parties d’eau pour une de
vin.
Soit ΑΒ
un vase en forme de cylindre ou de parallélépipède rectangle. A côté de lui et
sur la même base on place un autre vase ΓΔ
hermétiquement clos et de forme cylindrique ou parallélépipédique comme ΑΒ,
mais la base de AB
doit être double de celle de ΓΔ
si nous voulons que la quantité d’eau soit double de celle du vin [dans le
mélange]. Près de ΓΔ
on place un autre vase
EZ également
clos, dans lequel on a versé du vin. Les vases ΓΔ et
EZ
sont reliés par un tube ΗΘΚ
traversant les diaphragmes [qui les ferment à leur partie supérieure] et soudé à
ces diaphragmes. Dans le vase
EZ
on place un siphon recourbé ΛΜΝ
dont la branche intérieure doit effleurer le fond du vase de façon à laisser
tout juste le passage pour un liquide, tandis que l’autre branche, qui se
recourbe dans l’intérieur du vase [EZ],
se rend dans un vase voisin ΞΟ.
De ce dernier part un tube ΠΡ
qui passe à travers tous les vases ou le piédestal qui les supporte de manière à
pouvoir être amené facilement au-dessous et tout près du fond du vase
AB.
Un autre tube ΣΤ
traverse les cloisons des vases
AB
et ΓΔ.
Enfin, près du fond de
AB on ajuste un petit tube U qu’on enferme
avec le tube ΠΡ
dans un tuyau ΦΧ
muni d’une clef à l’aide de laquelle on peut l’ouvrir et le fermer à volonté.
[Dans le vase EZ on verse du vin par
un trou Ω
que l’on rebouche après l’introduction du liquide.]
Ces dispositions prises, on ferme
le tuyau ΧΦ et on verse de l’eau
dans le vase AB.
Une partie, c’est-à-dire une moitié, passera dans le vase ΓΔ
par le tube ΣΤ, et l’eau qui pénètre
dans ΓΔ
en chassera une quantité d’air égale à elle-même dans
EZ
par le tub ΗΘΚ. De même cet air
chassera une quantité égale de vin dans le vase ΟΞ par le siphon
ΛΜΝ.
Maintenant, en ouvrant le tuyau ΦΧ,
l’eau versée dans le vase
AB
et le vin sortant du vase ΟΞ
par le tube ΠΡ
couleront ensemble; c’est ce que l’on se proposait d’obtenir.
XVIII.
Étant donné un vase muni d’un tube à robinet et plein
d’eau, sur laquelle flotte une figurine, faire que cette figurine laisse couler
une quantité de vin qui soit en proportion donnée avec l’eau que l’on fait
sortir par le robinet.

Soit
AB
le vase d’eau muni d’un tuyau Γ
qui peut être fermé; soit, sur la surface de l’eau, un petit bassin Δ
qui flotte et qui porte un tuyau vertical
EZ auquel on a donné la
figure d’un animal. On place à côté un vase ΗΘ ne contenant
du vin, dans lequel plonge un siphon recourbé ΚΛΜ, dont l’une
des branches est ainsi dans le vase ΗΘ, tandis que l’autre
va aboutir au tube EZ.
Maintenant, supposons que nous
aspirions le vin par l’orifice intérieur
M,
le vin coulera dans le tuyau
EZ
jusqu’à ce que la surface libre soit sur une même droite dans le vase ΗΘ
et dans le tuyau EZ. Soit
ΝΞΟΠ
cette droite et fixons-en Π
un petit tube ouvert Ρ.
Jusqu’à ce moment le vin ne coule pas, mais si on enlève par le tube
G
une certaine quantité d’eau, le petit bassin descendra, entraînant avec lui le
tuyau EZ
et amenant ainsi la surface libre du vin au-dessous de la ligne ΝΞ.
La branche extérieure du siphon devenant alors plus longue, le vin coule de
nouveau dans le tuyau
EZ et tombe à
l’extérieur par le petit tube Π.
Cela se reproduira chaque fois que
nous enlèverons de l’eau par le canal Γ,
le vin s’écoulant dans une certaine proportion avec l’eau qu’on enlève. Pour que
ce que nous avons annoncé ait lieu, il suffit donc que la base du vase ΑΒ
soit dans une proportion déterminée avec la base du vase ΗΘ.
XIX.
Si l’on voulait que, en versant de l’eau dans un vase, on
fit couler du vin dans une proportion déterminée, on agirait comme il suit.

Soit, comme ci-dessus, un vase
AB renfermant de l’eau et ΗΘ le vase qui
contient le vin; mais le tuyau
EZ doit être au dehors
du vase AB.
Dans le vase AB flotte une sphère qui
est reliée au tuyau EZ
par une corde passant sur les poulies Σ
et T
de manière à le tenir suspendu. Tout le reste est disposé comme précédemment.
Il en résulte que, si l’on verse
de l’eau dans le vase
AB,
la sphère sera soulevée et fera baisser le tuyau
EZ,
ce qui amènera l’écoulement du vin.
On peut arriver au même résultat
d’une autre manière. La corde fixée d’un côté à la sphère
D
passant sur une troisième poulie
T
et sur la poulie Σ
va se fixer par son autre extrémité au siphon ΚΛΜ.
On voit qu’alors, la sphère s’élevant, le siphon ΚΛΜ, qui est
suspendu à la corde, s’abaisse, de sorte que la branche extérieure devenant plus
longue, le vin coulera par l’orifice Ρ.
XX.
Pompes dont on se sert dans les incendies.

Elles se construisent de la
manière suivante
On prend deux cylindres (pyxides)
de bronze, ΑΒΓΔ et
ΕΖΗΘ,
dont la surface intérieure est travaillée au tour, comme les pyxides des orgues
hydrauliques, pour recevoir un piston; soient ΜΝ et ΚΛ
les pistons correspondants. Les cylindres doivent communiquer entre eux au moyen
du tube ΞΟ
et être munis de soupapes Π
et Ρ,
semblables à celles qui ont été décrites plus haut
et qui, situées dans ledit tube ΞΟ,
s’ouvrent à l’extérieur des cylindres. Dans la base de ces cylindres on perce
des trous circulaires Ξ
et T
obturés exactement par des rondelles ΥΦ
et ΧΨ,
à travers lesquelles on fait passer des tiges Ω
soudées ou fixées de quelque autre manière aux bases du cylindre et munies d’un
arrêt à leur extrémité pour empêcher les rondelles de s’en aller. — Quant aux
pistons, ils seront fixés à des tiges verticales ε et ζ
qu’on attachera à un balancier mobile à son centre autour d’un axe fixe δ
; les tiges ε
et ζ
se mouvront elles-mêmes autour des axes β
et γ.
— Le tube ΞΟ doit communiquer avec
un autre tube vertical ηθ
qui se bifurque en θ
et qui est
pourvu de tubes emboîtés à travers lesquels on peut chasser l’eau, comme cela a
été exposé plus haut dans la description de la machine pour lancer l’eau au
moyen de l’air comprimé.
Maintenant, si les cylindres ainsi
disposés sont placés dans un récipient plein d’eau ρστυ
et qu’on imprime au balancier, par ses extrémités α
et π
un mouvement d’oscillation autour de l’axe δ,
les pistons en descendant chasseront l’eau en dehors par le tube ηθ
et l’orifice mobile μ.
En effet, quand le piston ΜΝ
monte, il ouvre l’orifice
T
en faisant monter la rondelle ΥΦ
et ferme la soupape Ρ.
Quand, au contraire, il descend, il ferme le trou
T
et ouvre Ρ
à travers lequel l’eau est obligée de s’élever. Les mêmes effets se produisent
avec le piston ΚΛ. Le petit tuyau
μ
qui peut tourner en avant et en arrière permet de lancer l’eau à la hauteur,
mais non dans la direction voulue, à moins de déplacer la machine tout entière,
ce qui apporte des retards fâcheux lorsqu’on est pressé; aussi, pour que l’eau
puisse être facilement lancée vers le point voulu, on fait le tube ηθ
en deux parties soigneusement ajustées l’une à l’autre dans le sens de la
longueur; l’une d’elles se fixe au tube qui est bifurqué en θ.
Ainsi, le jet d’eau peut être lancé dans une direction quelconque grâce à la
rotation du tube supérieur autour d’un axe vertical et de celle de l’orifice
m
autour d’un axe horizontal. Le tube
supérieur, qui reçoit l’autre à frottement, doit être muni d’arrêts pour ne
point être projeté par la violence de l’eau; ces arrêts seront en formé de
Γ,
fixés au tube supérieur et pourront glisser sur un anneau fixé au tube
inférieur.
xxΙ.
Dans un lieu où existe de l’eau courante, on peut construire la figure de
quelque animal en bronze ou en toute autre matière, de telle sorte que, si on
lui présente une coupe, cet animal boit en produisant un son et un cri qui font
croire qu’il a soif.
La construction est la suivante:
Soit
AB
un vase dans lequel tombe un courant d’eau jaillissante Γ
; dans ce vase AB on place un siphon
coudé ou un diabète à cloche ΔΕΖ,
dont une branche doit dépasser le fond du vase. Au-dessous de ce dernier, on
place un piédestal ΗΘΚΛ
hermétiquement clos qui contient également un siphon coudé ΜΝΞ. Au-dessous
de l’orifice Z
on place un entonnoir ΟΠ dont le tube
doit descendre jusqu’au fond du piédestal ΗΘΚΛ, laissant seulement
un intervalle pour le passage de l’eau. Soit en Π
la bouche d’un animal, à laquelle vient aboutir un tube ΡΣΤ
qui communique d’une façon cachée avec le piédestal, par une des pattes ou de
toute autre façon. Quand le vase
AB sera plein, l’eau
ayant amorcé le siphon, s’écoulera et tombera dans l’entonnoir on; le piédestal
ΗΘΚΛ
se remplira ainsi pendant que le vase
AB
se videra. De même, quand le piédestal sera plein, l’eau ayant amorcé le siphon,
s’écoulera par le siphon
MNX et videra le
piédestal; pendant que celui-ci se vide, l’air entre par la bouche Ρ
pour remplir le vide qui se forme. Si alors nous plaçons devant la bouche Ρ
une coupe, le liquide, attiré à la place de l’air, sera absorbé avec force
jusqu’à ce que le piédestal soit vidé. Alors le vase
AB
qui s’est rempli, se videra de nouveau et les mêmes faits se reproduiront. Pour
que la coupe puisse être présentée en temps opportun, c’est-à-dire quand l’eau
commence à s’écouler du piédestal, il n’y a qu’à imaginer quelque objet qui soit
mis en mouvement par l’écoulement du siphon ΜΝΞ,
ce qui aura lieu en le faisant frapper par l’eau; quand on le verra bouger, on
présentera la coupe.
XXII.
On peut aussi, par le moyen d’une eau courante et de la
rotation d’une statuette d’un Pan, faire boire un animal.
Soit un piédestal ΑΒΓΔ
hermétiquement clos de tous côtés et muni d’un diaphragme. Sur la face
supérieure on pose la figure d’un animal avec un tube ΕΖΗ
aboutissant [d’un côté] à sa bouche, [de l’autre dans le compartiment
inférieur], dans lequel se trouve un siphon recourbé ΘΚΛ,
dont la branche inférieure descend plus bas que le fond. Un entonnoir
MN
passe à travers le diaphragme et son tube descend jusque très près du fond. Sur
le piédestal ΑΒΓΔ
on place un autre support ΞΟ
sur lequel se tient une figure de Pan ΠΡ, fixée sur un axe
Σ
qui descend dans le compartiment supérieur;
à cet axe on adapte un tube dont l’extrémité porte une petite coupe ΤΥ
attachée au tube et en communication avec lui; ce tube doit être de telle
longueur que, quand la figure de Pan est retournée, la coupe ΤΦ
se trouve un peu au-dessus de l’entonnoir
MN.
Encore au-dessus de ce même entonnoir
MN, et sur la face
supérieure, on place un petit bassin ΧΨ qui la traverse et
dans lequel tombe le jet de la fontaine; ce jet doit avoir un débit supérieur à
celui du siphon ΘΚΛ.
Dans le cas où l’eau du petit
bassin se rend, par l’entonnoir
MN,
dans le compartiment inférieur du piédestal, l’air contenu dans ce compartiment
s’échappe par le tube
EZH et la base se remplira de liquide
parce que le débit à l’entrée est plus considérable qu’à la sortie; mais, si
l’on fait faire demi-tour à la statuette de Pan, la petite coupe ΤΦ reçoit le jet
et le fait déverser ailleurs à l’aide du tube ΤΥ. L’eau
n’arrivant plus à la partie inférieure du piédestal ΑΒΓΔ,
le siphon ΘΚΛ
vide cette partie et l’air afflue par le tube
EZH;
aussi l’animal boira si on en approche une coupe.
XXIII.
On peut aussi construire un animal buvant sans le secours
d’eau courante ni d’aucun engin mettant en mouvement une statuette de Pan.

Soit ΑΒΓΔ
un piédestal et E la bouche d’un animal,
à travers lequel on fait passer, par le poitrail et un pied de derrière ou la
queue, un tube qui met en communication la bouche et l’intérieur du piédestal;
ce piédestal devra être rendu immobile. Le tube qui traverse l’animal sera d’un
diamètre très fin, presque imperceptible et courbé en siphon, de telle sorte que
l’orifice H soit au même niveau
que la bouche E.
Si maintenant nous remplissons le diabète
EZH
à l’aide d’un autre tuyau placé au-dessus et dont l’extrémité vienne s’adapter
au point E,
le tube EZH restera plein parce
que les deux orifices sont au même niveau mais, si nous présentons une coupe
devant la bouche et que nous plongions une partie de la tête dans L’eau de cette
coupe, il arrivera que la branche
H du tube
EZH
se trouvera la plus longue, de sorte qu’elle attirera l’eau qui se trouvera
ainsi entraînée dans le piédestal ΑΒΓΔ
; ce dernier n’a pas besoin dans le cas présent d’être hermétiquement clos.
XXIV.
On place dans les sanctuaires égyptiens, près du portique,
des roues de bronze mobiles que ceux qui entrent font tourner, parce que
l’airain passe pour purifier. Il convient de les disposer de telle manière que
la rotation de la roue fasse couler l’eau pour l’ablution dont on vient de
parler.
Soit ΑΒΓΔ
un vase à eau, caché derrière un des jambages de la porte d’entrée. Ce vase est
percé au fond d’un trou
E,
et sous ce fond est fixé un tuyau ΖΗΚΛ ayant également un
trou en face de celui du fond, et dans lequel on place un autre tuyau ΛΜ
fixé en Λ
à ce même tuyau ΖΗΘΚ le tuyau ΛΜ
est percé d’un trou Π
en regard du trou E. Entre ces deux
tuyaux on en adapte un autre ΝΞΟΡ mobile à frottement
sur chacun d’eux et qui a un trou Σ en regard de
E.
Si ces trois trous se trouvent en
ligne droite, quand on versera de l’eau dans le vase ΑΒΓΔ,
elle coulera par le tuyau ΛΜ;
mais, si on fait tourner le tube ΝΞΟΡ de manière à
déplacer le trou S
; l’écoulement cessera. Il suffit donc de fixer la roue au tuyau ΝΞΟΡ
pour que, en la faisant tourner, l’eau coule.
xxv.
Étant donné un vase, y verser par l’orifice des vins de plusieurs espèces et en
faire couler, par un même goulot, celui que l’on désignera, de telle sorte que,
si différentes personnes ont versé différents vins, chaque personne retire à son
tour tout le vin qu’elle a versé.
Soit ΑΒΓΔ
un vase hermétiquement clos dont le col est fermé par un diaphragme
EZ
et qui est divisé en autant de compartiments que l’on a l’intention d’y verser
d’espèces de vin. Supposons par exemple que ΗΘ
et KA
soient les diaphragmes formant les trois compartiments
M,
N,
Ξ
dans lesquels on doit verser du vin. Dans le diaphragme
EZ
on perce de petits trous correspondant respectivement avec chacun des
compartiments. Soient
O, Π,
Ρ,
ces trous, dans lesquels on soude de petits tubes ΠΣ,
ΟΤ
et ΠΥ
qui se dressent dans le col du vase. Autour de chacun de ces tubes on perce dans
le diaphragme EZ de petits trous comme
ceux d’un crible par lesquels les liquides peuvent couler dans les différents
compartiments. Quand donc nous voudrons introduire l’un des vins dans le vase,
nous boucherons avec les doigts les évents Σ,
T,
Υ,
et nous verserons dans le col Φ
ce vin qui y restera sans couler dans aucun des compartiments, parce que l’air
qui est contenu dans ceux-ci n’a pas d’issue; mais, si nous ouvrons l’un des
évents Σ,
T,
Υ,
l’air qui est dans le compartiment correspondant sortira et le vin coulera dans
ce compartiment par les trous du crible. Refermant alors cet évent pour en
ouvrir un autre, nous introduirons de même une autre qualité de vin, et ainsi de
suite quelque soit le nombre des vins et celui des compartiments correspondants
du vase ΑΒΓΔ.
Voyons maintenant comment chacun
peut venir retirer à son tour son propre vin par le même goulot.
Au fond du vase ΑΒΓΔ
on dispose des tubes qui partent de chacun des compartiments, savoir : le tube
χψ partant des
compartiments
M,
le tube ωσ de
N,
enfin λμ
de Ξ.
Les extrémités y,
s,
et m
de ces tubes doivent communiquer avec un autre tube φσμα
dans lequel est ajusté exactement un autre tube βγ,
fermé en γ à son extrémité
intérieure et ayant des trous percés aux droit des orifices
y,
s,
et m de telle sorte que ces
trous puissent, à mesure que le tube tournera, recevoir respectivement le vin
contenu dans chacun des compartiments et se verser au dehors par l’orifice dudit
tube ΒΓ.
A ce tube on fixera une broche en fer
de
dont l’extrémité ε
portera une masse de plomb η
; à l’extrémité d on adaptera une
épingle de fer retenant en son milieu un petit cornet dont la concavité sera
tournée vers le haut. Supposons donc établi ce cône tronqué dont la plus grande
base sera en ζ
et la plus petite en θ par où passe
l’épingle δ,
on aura encore des petites boules de plomb de poids différents et en nombre égal
à celui des compartiments
M,
N,
Ξ.
Si nous plaçons la plus petite dans le cornet ζθ,
elle descendra à cause de son poids jusqu’à ce qu’elle vienne s’appliquer
contre la surface intérieure du tronc de cône et [on devra disposer les choses
de telle façon] qu’elle fasse tourner le tube
bg de manière à
amener au-dessous de y
celui de ses trous qui lui correspond et qui recevra ainsi le vin du
compartiment M ;ce
vin coulera alors aussi longtemps que la balle restera dans le cornet à moins
qu’il ne soit totalement écoulé. Si maintenant nous enlevons la balle, le poids
η, en revenant à
sa première position, fera fermer l’orifice
y
et cesser l’écoulement. Si nous plaçons de nouveau dans le cornet une autre
balle nous produirons ainsi une plus grande inclinaison
[de la tige εδ], et le tube
βγ
tournera davantage de manière à amener au-dessous de σ
son trou correspondant, alors le vin qui est contenu dans le compartiment [N]
coulera; si nous enlevons la boule, le poids
H redescendra [à
sa place primitive], le trou
s
sera bouché et le vin cessera de couler. En plaçant enfin la dernière boule [qui
est la plus lourde], le tube βγ
tournera encore davantage de manière à faire couler le vin qui est dans le
compartiment.
Il faut remarquer que la plus
petite des balles doit être assez lourde pour que, placés dans le cornet, elle
l’emporte sur le poids η
et par suite détermine la rotation du tube βγ ; les autres
balles seront alors suffisantes pour provoquer la rotation du tube βγ.
XXVI.
Construire une lampe qui s’entretienne d’elle-même.
Soit une lampe ΑΒΓ
par l’orifice de laquelle passe une tige de fer ΔΕ
pouvant glisser librement sur le point
E ; la mèche est fixée
librement à cette tige. Une roue dentée
Z, qui est très
mobile autour de son axe, s’engrène sur la tige de manière à pousser la mèche en
avant quand elle tourne. L’ombilic de la lampe doit être largement ouvert. Quand
l’huile est versée on fait flotter dessus un petit bassin
H
fixé à une règle verticale dentée et engrenant avec les dents de la roue
ci-dessus.
On voit que, à mesure que l’huile
se consume, le petit bassin s’abaisse et fait tourner, à l’aide des dents de la
règle, la roue
Z
qui, elle-même, fait avancer la mèche.
XXVII.
Si on verse un liquide dans certain vase, muni, prés du
fond, d’un goulot ouvert, on pourra à volonté faire couler le liquide par le
goulot, dès le commencement, ou bien lorsque le vase sera presque à moitié
plein, ou bien lorsqu’il sera complètement plein, ou bien enfin d’une manière
générale, à quel moment que ce soit; le liquide contenu dans le vase s’écoulera
alors complètement.
Soient :
AB
un vase ayant le col fermé par un diaphragme, ΓΔ un tube qui
traverse ce diaphragme auquel il est soudé et qui va jusqu’au fond du vase de
manière à ne laisser que l’espace nécessaire pour le passage de l’eau soit
encore EZ
un siphon recourbé dont la branche intérieure s’approche aussi du fond de
manière à ne laisser que l’espace nécessaire pour le passage de l’eau, et dont
l’autre branche, passant à l’extérieur, se termine en goulot; la courbure du
siphon doit se produire tout près du col du vase; soit enfin Θ
un évent percé dans le vase
AB
tout près du diaphragme et communiquant avec la cavité intérieure.
Si nous voulons faire écouler, dès
le commencement, le liquide versé dans le vase, nous boucherons avec le doigt
l’évent Θ
et le goulot coulera parce que l’air qui est dans le vase n’ayant point d’issue,
le liquide sera forcé de s’échapper par le siphon recourbé. Si nous ne bouchons
pas l’évent, le liquide montera dans l’intérieur du vase et le goulot ne coulera
que lorsque nous reboucherons de nouveau l’évent. Après cela, en laissant
l’évent ouvert, tout le liquide s’écoulera par le siphon.
XXVIII.
On peut construire un vase qui reçoive du liquide tant
qu’on en verse, mais qui ne peut plus rien recevoir dés qu’il y a interruption
dans le versement.

Soit
AB
un vase dont le col est fermé par un diaphragme ΓΔ à travers ce
diaphragme on introduit un tube
EZ qui, d’un côté,
arrive près du fond, et de l’autre, dépasse le diaphragme de manière à atteindre
à peu près le bord du vase. Autour de ce tube on en dispose un autre ΗΘ
dont le dessus est fermé par un opercule et qui doit être suffisamment distant
du diaphragme pour permettre le passage de l’eau et du tube
EZ………..
Le vase doit avoir un évent
K
donnant dans sa panse.
Maintenant, si nous versons un
liquide par le col du vase, on verra qu’il passera dans l’intérieur par les
tubes ΗΘ
et EZ,
l’air s’échappant par l’évent
K.
Mais, si l’on cesse de verser et que le col devienne vide, l’air viendra rompre
la continuité, et le liquide qui est dans le tube ΗΘ
retombant se répandra sur le diaphragme. La largeur autour de ΗΘ
doit être assez grande pour que l’eau tombe par son poids.
Si on verse encore du liquide, l’air qui s’est introduit dans les tubes ΗΘ
et EZ
ne permettra pas au liquide d’entrer [dans le vase] mais le forcera à s’écouler
par-dessus le bord.
XXIX.
On peut construire sur un piédestal une figurine de satyre
tenant entre les mains une outre auprès de laquelle est une cuvette. Si on verse
du liquide dans cette cuvette de manière à la remplir, l’eau coulera par l’outre
dans la cuvette et cela durera jusqu’à ce que toute l’eau se soit vidée dans le
canal de l’outre.
Voici la construction de cet
appareil
Soit
AB
un piédestal clos de toute part et ayant une forme cylindrique ou octogonale
selon qu’on trouvera l’une ou l’autre plus élégante; on le divisera en deux par
un diaphragme ΓΔ traversé par un tube
EZ
qui y est soudé et qui s’élève presque jusqu’au couvercle; à travers ce
couvercle on fait passer un tube ΗΘ
qui, d’un côté, le dépasse légèrement et supporte La cuvette et qui, de l’autre,
va presque jusqu’à la base de façon à n’y laisser que juste le passage de l’eau;
ce tube doit être soudé au couvercle et au diaphragme. Enfin, un autre tube
ΚΛΜ
qui descend presque jusqu’au diaphragme, est également soudé au couvercle et
s’élève au-dessus de lui de manière à pouvoir déverser dans la cuvette qui est
placée au-dessus du tube ΗΘ
et en communication avec lui.
Les choses étant ainsi disposées,
on remplit de liquide le compartiment
AD
à l’aide d’un trou N
qu’on rebouche ensuite. Si maintenant on verse un liquide dans la cuvette, il
descendra par ΗΘ dans le compartiment
ΒΤ,
et l’air chassé par le tube
EZ
entrera dans le compartiment ΑΔ
où il forcera par sa pression le liquide qui y est contenu à se déverser par le
tube ΚΛΜ dans la cuvette. Ce
liquide retombant dans le vase
BT comprimera de nouveau
l’air qui y est contenu, et celui-ci chassera à son tour dans la cuvette le
liquide qui est dans le compartiment ΑΔ. Les mêmes choses se
reproduiront tant qu’il y aura de l’eau dans le compartiment ΑΔ.
Il faut avoir soin que le tube ΚΛΜ
aboutisse à l’ouverture de l’outre et qu’il soit très fin pour que le phénomène
dure le plus longtemps possible.
xxx.
Construction d’une chapelle, telle qu’en allumant du feu, les portes s’ouvrent
toutes seules et se ferment quand le feu est éteint.

Soit ΑΒΓΔ
piédestal
sur lequel est placé le temple en question et un petit autel ΕΔ.
A travers l’autel on fait passer un tube
ZH
dont l’un des orifices
Z s’ouvre dans l’autel, et dont l’autre
H
s’ouvre dans un globe Θ,
à peu près au centre de ce globe; le tube
HZ
doit être soudé au globe. On adapte également au globe un siphon recourbé ΚΛΜ.
Les gonds des portes doivent être prolongés à la partie inférieure et tourner
librement dans des crapaudines ménagées dans la base ΑΒΓΔ.
Aux gonds on fixe deux chaînes qui se réunissent en une seule qui passe sur une
poulie et qu’on attache à un vase creux ΝΞ [qui se trouve ainsi
suspendu]. D’autres chaînes enroulées autour des gonds en sens inverse des
premières se réunissent également en une seule qui, après avoir passé sur une
poulie, se termine par un poids en plomb dont la descente fait fermer les
portes. La branche extérieure du siphon ΚΛΜ
plonge dans le vase suspendu ; de plus, à l’aide d’un trou η, on introduit de
l’eau dans le globe de manière à le remplir à moitié ; après cette opération, le
trou est rebouché.
Voici maintenant ce qui va
arriver: le feu développant de la chaleur échauffera L’air qui est dans l’autel
et le forcera à se répandre dans un plus grand espace. Cet air, passant dans le
globe par le tube
HZ, chassera, par le
siphon ΚΛΜ,
le liquide qui y est contenu jusque dans le vase suspendu et celui-ci, en
descendant par son poids, entraînera les chaînes et ouvrira les portes. Puis,
quand le feu sera éteint, l’air raréfié s’échappera par les vides des parois du
globe et le siphon recourbé attirera le liquide contenu dans le vase suspendu
afin d’occuper la place des vides qui se sont produits; l’extrémité du siphon
est en effet plongée dans l’eau du vase suspendu. Le vase se vidant, le poids
suspendu fera, par sa descente, ouvrir les portes.
On se sert quelquefois de mercure au lieu d’eau parce que le mercure est plus
lourd et facilement déplacé par l’effet de la chaleur.
Il y a un autre moyen d’ouvrir les
portes en allumant le feu
Soit, comme ci-dessus, un petit
temple construit sur une base ΑΒΓΔ
sur laquelle se trouve également l’autel
E. Un tube ΖΗΘ
passe à travers l’autel et aboutit dans une outre de cuir
K
bien fermée de toutes parts. A cette outre est suspendu un poids Λ
d’où part une chaîne qui est reliée, par l’intermédiaire d’une poulie, aux
chaînes enroulées autour des gonds; de telle sorte que, l’outre se dégonflant,
le poids descende et fasse fermer les portes et que, le feu étant allumé,
celles-ci s’ouvrent. En effet, l’air qui est dans le petit autel, dilaté comme
plus haut, passera, au moyen du tube ΖΗΘ dans l’outre,
soulèvera par ce fait même le poids Λ
et les portes s’ouvriront; les portes peuvent s’ouvrir d’elles-mêmes par un
dispositif analogue à celui qui fait fermer les portes des bains ou avoir un
contrepoids pour les ouvrir. Quand le feu du sacrifice est éteint et que l’air
qui est rentré dans l’outre en ressort, le poids descendant avec l’outre tend
les chaînes et referme les portes.
XXXI.
Étant donné un vase renfermant du vin et muni de trois
goulots, faire couler le vin par celui du milieu; puis, en versant de l’eau dans
le vase, faire cesser l’écoulement du vin et faire couler l’eau par les deux
autres goulots; enfin, en cessant de verser de l’eau, faire recommencer
l’écoulement du vin par le goulot du milieu. Cela devra se passer de même chaque
fois que nous verserons de l’eau.

Soit
AB
un vase dont le col est fermé par le diaphragme ΓΔ
et ayant au fond un goulot
E.
Soient encore deux tubes ΖΗΘ
et ΚΛΜ
terminés en goulot d’un côté et traversant de l’autre le diaphragme qu’ils
dépassent. Au-dessus de ces saillies on place d’autres tubes
N
et Ξ
dont le dessus est fermé par un opercule et qui ne laissent entre eux et le
diaphragme que l’espace nécessaire pour le passage de l’eau. Un autre tube
ΠΟ,
établi près du diaphragme ΓΔ,
communique avec le tube ΖΗΘ.
Ayant donc fermé le goulot
E,
on remplit le vase AB de vin par un
trou Φ
qu’on doit boucher après cette opération. Ouvrant alors le goulot
E,
on verra le vin couler, car l’air viendra du dehors par l’orifice Θ
et le tube ΟΠ. Si maintenant nous
versons de l’eau sur le diaphragme ΓΔ, cette eau s’écoulera
au dehors par les tubes ΖΗΘ et ΚΛΜ,
mais l’air ne pouvant plus entrer dans le vase
AB,
le vin cessera de couler jusqu’au moment où, l’eau s’étant elle-même totalement
écoulée, l’air rentre de nouveau.
Au lieu du tube ΟΠ
on peut se servir d’un autre tube ΡΣ
traversant le diaphragme et autour duquel on met un tube ΤΥ
semblable à N
et à Ξ, mais plus haut que
ceux-ci, de manière que ΡΣ
puisse dépasser le niveau des bords du vase. Le résultat sera le même.
XXXII.
Sur un piédestal est placé un petit arbre autour duquel
est enroulé un dragon; une figure d’Hercule se tient auprès, tirant de l’arc;
enfin une pomme est posée sur le piédestal. Si quelqu’un vient à soulever avec
la main cette pomme au-dessus du piédestal, Hercule lancera son trait contre le
dragon et le dragon sifflera.

Soit
AB
le piédestal en question, étanche et muni d’un diaphragme ΓΔ.
A ce diaphragme est fixé un petit cône tronqué creux
EZ
qui a sa petite base Z du côté du fond
du vase dont elle est distante de façon à permettre juste le passage de l’eau. A
ce tronc de cône doit être ajusté avec soin un autre cône Θ
fixé à une chaîne qui le relie, en passant par un trou, à la pomme placée sur le
piédestal. Hercule tient un petit arc en corne, qui a son nerf tendu et placé à
une distance convenable de La main droite. Dans cette main droite et de manière
à viser le dragon est une autre main en tout semblable à la précédente mais plus
petite et munie d’une détente.
A l’extrémité de cette détente une petite chaîne ou une corde traversant la
plateforme va passer sur une poulie fixée au diaphragme et se relie enfin à la
petite chaine qui joint le cône à la pomme.
Bandons donc l’arc, plaçons [le
nerf de l’arc] dans la main [qui sert de griffe] et fermons la détente en
disposant les choses de telle manière qu’alors La corde soit tendue et la pomme
pressée sur la plate-forme; cette corde doit passer à travers le corps et la
main, dans l’intérieur de l’Hercule. Enfin un petit tube, de ceux dont on se
sert pour siffler, doit partir du diaphragme et s’élever au-dessus du piédestal
en passant dans l’intérieur ou autour de l’arbre. Remplissons d’eau le vase
AD. Soit
AM
l’arbre, ΝΞ
l’arc, ΟΠ le nerf, ΠΣ
le trait, Ρ
la main qui sert de griffe, Υ
la détente,
ΦΧ la corde, Χ la poulie sur laquelle
elle passe et ΨΩ
le tuyau à sifflet.
Maintenant, si on soulève la pomme
K,
on élèvera en même temps le cône
Q,
on tendra la corde ΦΧ
et on lâchera la griffe, ce qui fera partir le trait. L’eau du compartiment
ΑΔ
arrivant dans le compartiment ΒΓ
chassera par le tuyau l’air contenu dans le compartiment et produira un
sifflement. La pomme étant replacée, le cône [Θ]
revient s’ajuster sur l’autre et arrête l’écoulement, ce qui fait cesser le
sifflement; on dispose alors de nouveau la flèche et ses accessoires.
Quand le compartiment ΒΓ
est plein, on le vide à l’aide d’un goulot muni d’une clef et on remplit de
nouveau ΑΔ
comme nous l’avons indiqué.
XXXIII.
Construction d’un vase appelé dicaiomètre (c’est-à-dire
de juste mesure) qui, ayant été rempli de liquide, en laisse couler une quantité
égale chaque fois qu’on le renverse.

Voici cette construction
Soit
AB
un vase dont le col est fermé par un diaphragme
AB.
Près du fond on place une petite sphère Γ d’une capacité égale
au volume que l’on veut faire écouler. A travers le diaphragme on fait passer un
petit tube très fin ΔΕ
qui communique avec la petite sphère.
Celle-ci est percée à sa partie inférieure d’un petit trou
Z
d’où part un tube ZH allant
communiquer avec l’anse du vase qui est creuse. A côté de ce trou le globe doit
avoir un autre trou Λ
qui le fait communiquer avec l’intérieur du vase; l’anse doit avoir aussi un
évent Θ.
Après avoir bouché l’évent Θ,
on remplira le vase de liquide au moyen d’un trou que l’on rebouchera ensuite.
On pourra également se servir du
tube ΔΕ,
mais il faudra alors percer un petit trou dans le corps du vase pour donner
issue à l’air.
Le globe
G
se remplira en même temps que le vase par le petit tube ΔΕ.
Maintenant, si nous retournons le vase en laissant libre l’évent Θ,
le liquide qui se trouve dans le globe Γ
et dans le petit tube ΔΕ s’écoulera.
Si nous refermons l’évent et que nous ramenions le vase à sa position primitive,
le globe et le tube se rempliront de nouveau, car l’air qu’ils contiennent sera
chassé par le liquide qui s’y précipitera.
Le vase étant encore une fois renversé, une quantité égale de liquide coulera de
nouveau, sauf cependant une différence provenant du petit tube ΔΕ,
car ce petit tube ne sera pas toujours plein et se videra à mesure que le vase
se videra; mais cette différence est tout à fait insignifiante.
XXXIV.
En soufflant dans certains vases, on comprime l’eau de la
façon suivante.

A travers la bouche d’un vase on
insère un tube qui descend presque jusqu’au fond et qui est soudé au vase près
de son orifice [supérieur]. On ferme cet orifice avec le doigt et on verse un
liquide quelconque par un trou, puis on souffle dans le vase par ce même trou
que l’on ferme ensuite avec une clef. Si nous dégageons alors l’orifice du tube,
le liquide jaillira sous la pression de l’air qu’on a insufflé.
XXXV.
On peut produire le chant des oiseaux périodiquement par le
procédé suivant.

Soit un vase hermétiquement clos,
à travers lequel passe un entonnoir dont le tube aboutit près du fond du vase
mais à une distance suffisante pour permettre à l’eau de passer. Au dessus de
l’entonnoir, on place un vase creux, mobile autour de pivots, chargé d’un poids
à sa partie inférieure, et dans lequel tombe le jet de la fontaine. Aussi
longtemps que le vase tournant sur pivot est vide, il reste vertical parce qu’il
a un petit poids fixe au fond; mais, quand il sera plein [il basculera], l’eau
tombera dans le vase hermétiquement clos, et l’air contenu dans ce dernier,
chassé à travers un petit tuyau, produira un son. Ce même vase se vide au moyen
d’un siphon recourbé et, pendant qu’il se vide, le vase aux pivots se remplit et
bascule de nouveau. Il est à remarquer que le jet de la fontaine ne doit pas
tomber au centre du vase aux pivots afin que, dès que ce vase est plein, il
puisse rapidement basculer.
XXXVI.
On peut encore produire des sons périodiques par le
procédé suivant.

On prend un vase à diaphragmes
transversaux. Dans chacun des compartiments, on place un siphon qui se déverse
dans le compartiment voisin, la vitesse d’écoulement étant différente pour ces
divers siphons. A chaque compartiment inférieur aboutit un tuyau destiné à
produire le son; le jet de la fontaine tombe dans le compartiment supérieur. On
voit que, lorsque le compartiment supérieur est plein, l’eau qui s’y trouve
passe dans le compartiment situé au-dessous et ainsi de suite jusqu’à ce qu’elle
arrive au compartiment qui forme la base. Le vase ne laissant pas passer l’air,
celui qui se trouve dans chaque compartiment est chassé par le tuyau
correspondant, et produit un son.
xxxvII.
On peut faire tenir en l’air des boules par le procédé suivant.

Au-dessous d’une chaudière qui
renferme de l’eau et qui est fermée à sa partie supérieure, on allume du feu. Du
couvercle part un tube qui s’élève verticalement et à l’extrémité duquel se
trouve, en communication avec lui, un hémisphère creux. En plaçant une boule
légère dans cet hémisphère, il arrivera que la vapeur de la chaudière montant à
travers le tube, soulèvera la boule de manière qu’elle restera suspendue.
XXXVIII.
L’appareil qu’on appelle la source laisse couler de
l’eau dès qu’il est frappé par les rayons du soleil.
Soit une base fermée ΑΒΓΔ
à travers laquelle passe un entonnoir dont le tube s’arrête à une très petite
distance du fond. Soit encore un globe
EZ
d’où part un tube qui arrive près du fond de la base et de la calotte du globe.
Qu’un siphon H
recourbé, adapté au globe, arrive dans l’entonnoir et qu’on verse de l’eau dans
le globe,
quand le soleil donne sur le globe, l’air qu’il contient étant échauffé, chasse
le liquide, et celui-ci, conduit par le siphon
H,
tombe, au moyen de l’entonnoir, dans la base. Mais lorsque le globe est mis à
l’ombre, l’air passant à travers la sphère,
le tube reprendra le liquide et remplira le vide qui s’est produit,
et cela se reproduira chaque fois que le soleil y entrera.
XXXIX.
En plongeant un thyrse dans l’eau, produire un sifflement
ou le chant des oiseaux.
Soit un thyrse ΑΒΓΔ
à l’extrémité de sa tête, qui est creuse et faite en forme de pomme de pin, il y
a un trou Δ. On ferme la tige un
peu au-dessous de l’orifice par un diaphragme
AE
traversé par un sifflet qui y est soudé et qui ne dépasse pas l’orifice de la
tige.
Quand on plongera le thyrse dans
l’eau en l’enfonçant, l’air qu’il contient sera chassé par l’eau et produira un
son. S’il n’y a qu’un sifflet, on aura un sifflement, mais s’il y a au-dessus du
diaphragme une certaine quantité d’eau, on entendra un gazouillement.
XL.
Étant donnée une figurine placée sur un piédestal et tenant
une trompette à la bouche, faire sonner la trompette en soufflant.
Soit ΑΒΓΔ
un piédestal clos de tous côtés, sur lequel se tient une statuette. Dans le
piédestal se trouve un hémisphère creux et fermé
EZH
qui est muni de petits trous dans le fond. De cet hémisphère part un tube ΘΖ
qui, passant à travers la figurine, aboutit à la trompette qui est munie d’une
anche. On verse de l’eau dans le piédestal à travers un trou qui doit ensuite
être rebouché exactement.
Maintenant, si nous soufflons dans
le pavillon de la trompette, L’air ainsi envoyé chassera de l’hémisphère l’eau
qui y est contenue et qui en sortira par les trous du fond pour s’élever dans
les parties supérieures du piédestal; mais, quand nous cesserons de souffler,
l’eau rentrera de nouveau dans l’hémisphère et en chassera l’air qui, passant à
travers l’anche, produira le son de la trompette.
XLI.
Faire tourner une sphère sur un pivot à l’aide d’une
chaudière placée sur le feu.
Soit
AB
une chaudière contenant de l’eau, placée sur le feu. On la ferme à l’aide d’un
couvercle ΓΔ que traverse un tube
recourbé EZH
dont l’extrémité H pénètre dans la
petite sphère creuse ΘΚ
suivant un diamètre. A l’autre extrémité est placé le pivot ΛΜΝ
qui est fixé sur le couvercle ΓΔ.
On ajoute sur la sphère, aux deux extrémités d’un diamètre, deux tubes
recourbés; les courbures doivent être à angle droit et les tubes
perpendiculaires à la ligne
HN.
Lorsque la chaudière sera échauffée, la vapeur passera par le tube
EZH
dans la petite sphère et, sortant par les tubes recourbés dans l’atmosphère, la
fera tourner sur place, comme cela arrive pour les figurines qui dansent en
rond.
XLII.
Un cratère étant placé sur un piédestal et muni d’un goulot
ouvert, faire cesser l’écoulement sans avoir recours à un bouchon pour fermer
l’orifice.

Soit
AB
le cratère placé sur le piédestal
G.
A travers le fond du vase et le piédestal on fait passer un tube ΔΕΖ
terminé en goulot; à l’anse du cratère on fixe une réglette ΗΘ
à laquelle est adaptée une autre réglette
KA mobile autour d’un
axe Θ.
A l’extrémité K de celle-ci est une
autre réglette KM
mobile autour d’un axe l’extrémité
M
supporte une pyxide d’un certain poids et assez grande pour entourer le tube
DEZ.
Le cratère étant plein, si nous
abaissons l’extrémité Λ
de la réglette, la pyxide ΝΞ
sera soulevée et l’eau qui est dans le cratère s’échappera par le tube
EZ.
Si, au contraire, nous soulevons l’extrémité Λ, la pyxide descendra et entourera
le tube ΔΕΖ; l’air qui est
contenu dans la pyxide, n’ayant pas d’issue, fera obstacle à l’eau qui est
autour du tube DEZ
et l’empêchera de descendre vers l’orifice
Z.
Mais, quand nous abaisserons de nouveau l’extrémité Λ,
le courant se rétablira par le goulot.
XLIII.
Construire une corne à boire telle que si on pose dessus
une cloche de verre et qu’elle laisse couler un liquide, le liquide montera dans
la cloche avant de s’échapper au-dehors.
Soit ΑΒΓ
la corne à boire fermée par un diaphragme ΔΕ;
de ΔΕ
partent deux tubes ZH et ΘΚ
dont l’un ZH
aboutit au dehors (de la corne] et ΘΚ
au dedans; au-dessus de ce diaphragme on place une cloche de verre
MN.
Dans le diaphragme ΔΕ
et en dehors de la cloche de verre il y a un trou Ξ
par lequel on verse l’eau dans la corne. Lorsque celle-ci a été remplie par
ledit trou, le tube ΘΚ
se trouve rempli en même temps et l’eau finit par monter dans la cloche de verre
de manière à ressortir par le tube
ZH.
Nous reproduisons ainsi la disposition d’un siphon recourbé dont ΘΚ
est la petite branche et
ZH
la grande; cette dernière attirera donc le liquide contenu dans la corne, qui
montera dans la cloche de verre; mais auparavant elle attirera l’air contenu
dans cette cloche parce que l’air est plus léger que le liquide. On verra donc
le liquide s’élancer dans l’espace où l’on a ainsi fait le vide et retomber
ensuite par son propre poids, car le mouvement de bas en haut est contraire à sa
nature.
XLIV.
Il y a une autre disposition au moyen de laquelle le
liquide est porté peu à peu en haut et y reste, de telle sorte qu’il semble
avoir un mouvement ascensionnel continu.
Soit
AB
un piédestal fermé de toute part, muni d’un diaphragme ΓΔ
et d’une cloche de verre
EZ,
de forme cylindrique, également étanche. Dans cette cloche sont deux tubes :
l’un d’eux ΗΘ
arrive presque jusqu’au sommet de
EZ
et traverse le diaphragme; l’autre ΚΛ traverse la paroi
supérieure du piédestal et descend jusque près du diaphragme. Dans le piédestal,
en dehors de la cloche de verre, est une ouverture
M
qui sert à remplir le compartiment ΑΔ ; dans le bas de ce
même piédestal il y a encore un goulot
N. Enfin, un
autre tube ΞΟ,
traversant le diaphragme et arrivant jusque près du fond du piédestal, sert à
remplir le compartiment ΓΒ.
Fermant donc le goulot
N
[si nous versons du liquide par le tube ΞΟ],
l’air qui est dans ΓΒ
s’échappera par les tubes ΗΘ,
K
et par le trou M ; quand le
compartiment GB
sera plein, nous remplirons ΑΔ
par le trou M
et l’air sortira par le même trou.
Maintenant, si [après avoir fermé
l’orifice Ξ] nous laissons couler
le goulot N,
l’air de la cloche de verre passera par le tube ΗΘ
dans l’espace vide qui s’est formé dans ΓΒ, et le vide créé dans
la cloche sera rempli par un jet de liquide venant du compartiment ΑΔ
où l’air entrera par le trou
M.
Cela se produira jusqu’à ce que la cloche de verre soit remplie. — Il importe
que les espaces AD, ΓΒ
et EZ
soient de même volume pour que l’air et l’eau puissent prendre la place l’un de
l’autre. — Quand le compartiment ΓΔ
est vidé et que la continuité a été rompue par l’air, l’eau redescendra de la
cloche de verre dans le compartiment ΔΑ, l’air passant dans
la cloche par le goulot
N
et le tube ΗΘ. Quant à l’air qui
est dans le vase ΑΔ,
il s’échappera par le trou
M.
XLV.
En insufflant de l’air par la bouche dans certaines
figurines, celles-ci laissent échapper de l’eau par quelque autre orifice:
ainsi, un satyre tenant une outre, l’eau sera chassée par cette outre.

Soit ΑΒΓΔ
une base étanche sur laquelle repose la figurine. De la bouche de celle-ci par
un tube ΕΖ
qui aboutit dans la base et à la partie
inférieure duquel est une petite plaque ΗΘ
qui en ferme l’ouverture
Z.
Cette plaque est retenue par des goupilles à tête qui l’empêchent de tomber.
Soit ΚΛ
un autre tube pénétrant dans le piédestal; son extrémité
K
doit aboutir au point par où l’on veut faire jaillir l’eau; l’autre doit arriver
presqu’au fond de la base n’y laissant que l’intervalle nécessaire pour le
passage de l’eau. En K
il doit y avoir un bouchon pour fermer l’orifice qu’on fera très étroit.
Versons maintenant une certaine
quantité d’eau dans la base par un trou que nous boucherons après cette
introduction, puis fermons l’orifice
K
et insufflons de l’air par le tube
EZ ; cet air repoussera
la plaque et s’accumulera dans la base parce qu’il fera fermer la soupape.
Enlevons alors le bouchon de l’orifice
K et aussitôt l’air
comprimé chassera violemment l’air contenu dans La base par l’orifice
K
jusqu’à ce que, toute l’eau étant projetée, l’air ait repris son état naturel,
c’est-à-dire qu’il ne soit plus soumis à aucune compression.
XLVI.
Il y a certains vases tels que si l’on y verse de l’eau,
ils la laissent Immédiatement couler; si l’on interrompt le versement pendant
quelque temps, l’écoulement n’a plus lieu, même lorsqu’on recommence à verser:
mais, si on continue à verser jusqu’à ce que les vases soient à moitié pleins,
l’écoulement recommence; enfin, si alors on interrompt le versement,
l’écoulement ne recommencera que lorsqu’ils seront complètement pleins.


Soit
AB
un vase renfermant dans sa panse trois siphons
G,
D,
E
; chacun de ces siphons a l’une de ses branches qui arrive près du fond du vase,
tandis que l’autre en sort et se termine par un goulot. Au-dessous de ces
extrémités extérieures on place des vases
H,
Θ,
Z
dont le fond doit être assez distant des orifices pour permettre le passage de
l’eau;
l’ensemble de ces vases est entouré d’un autre vase ΚΛΜΝ
semblable à un piédestal et pourvu d’un goulot en Ξ.
La courbure du siphon Γ
est située vers le bas du vase
AB;
celle de Δ
vers le milieu de la hauteur, et celle de
E
au col lui-même.
Si maintenant nous versons de
l’eau dans le vase
AB, cette eau ne
tardera point à couler par le siphon Γ puisque son coude est
près du fond; si nous cessons de verser, le liquide déjà versé s’écoulera par le
goulot Ξ,
le vase Z restera rempli d’eau
et le reste du siphon Γ
se trouvera rempli d’air.
Si donc nous recommençons à verser
de l’eau dans le vase, elle ne s’écoulera pas par le siphon Γ,
grâce à l’air compris dans le siphon entre l’eau qu’on verse et celle du vase
Z
; l’eau s’élèvera alors jusqu’à la courbure du siphon Δ
située au milieu du vase; arrivée là, elle recommencera à couler. Si on
interrompt encore l’introduction de l’eau, les mêmes faits se reproduiront par
les raisons que nous avons déjà exposées pour le siphon Γ.
On comprend qu’il en sera encore de même avec le siphon
E.
Il faudra [toujours] verser l’eau
avec précaution pour que l’air qui est emprisonné dans les siphons ne soit pas
chassé avec violence.
XLVII.
Construction d’une ventouse qui aspire sans le secours du
feu.

Soit ΑΒΓ
une ventouse pareille à celle qu’on applique d’ordinaire sur la peau et divisée
par une cloison ΔΕ.
A travers le fond que l’on fasse passer deux tubes glissant à frottement l’un
dans l’autre, ZE
étant le tube extérieur et ΘΚ
l’intérieur; dans ces deux tubes, mais en dehors de la ventouse, on perce deux
trous Λ,
M
qui se correspondent; les extrémités des deux tubes situées en dedans de la
ventouse doivent être ouvertes et l’extrémité extérieure de
HK
doit être fermée et munie d’une poignée. Au-dessous de la cloison ΔΕ
on place un autre robinet ΝΞ
semblable à celui qui vient d’être décrit, sauf que les trous correspondants
doivent être dans la ventouse et être eux-mêmes en communication avec un trou
percé dans la cloison ΔΕ.
Tout étant ainsi établi, on tourne
les poignées des robinets de telle sorte que les trous de celui qui est au fond
de la ventouse se trouvent en ligne, tandis que le robinet qui est au-dessous de
la cloison reste fermé, parce que les siens ne se correspondent point. La
chambre ΔΓ étant pleine d’air,
collons la bouche contre les orifices ΛΜ et aspirons une
partie de cet air; faisons ensuite tourner la poignée du robinet sans éloigner
la bouche du tube; nous pourrons ainsi maintenir la raréfaction de l’air dans la
chambre ΓΔ.
Plus souvent nous recommencerons cette opération, plus nous enlèverons d’air.
Appliquons maintenant la ventouse sur la peau à la manière ordinaire et ouvrons
le robinet ΝΞ en tournant la
poignée; une partie de l’air contenu dans ΑΔΕ passera dans ΓΔ
et alors on verra attirées dans l’espace où l’air se trouvera ainsi raréfié, la
peau ainsi que les matières sous-jacentes qui passeront par les interstices de
la peau que nous appelons les espaces inexplorés.
XLVIII.
L’instrument appelé Extracteur de pus agit d’après les
mêmes principes.
On construit un tube creux et
allongé
AB; à l’intérieur on en
ajuste un autre ΓΔ
dont l’extrémité Γ est bouchée par
une plaquette et dont l’autre extrémité se termine par une poignée
EZ.
On bouche l’ouverture A
du tube AB par une plaque dans
laquelle est adapté un canal mince ΗΘ.
Lorsque nous voudrons extraire du
pus, nous appliquerons au point où est le pus, l’orifice Θ
qui est à l’extrémité du petit canal, et nous retirerons vers l’extérieur le
tube ΓΔ à l’aide de la
poignée. Le vide se faisant ainsi dans le tube
AB, il est nécessaire
que quelque chose vienne le remplir; or, comme il n’y a de communication avec
l’extérieur que par l’orifice Θ
du petit canal, il arrivera nécessairement que l’humeur voisine de cet orifice
sera attirée.
Inversement, si nous voulons
injecter quelque liquide, nous le placerons dans le tube
AB
et, poussant le tube ΓΔ
à l’aide de la poignée
EZ,
nous injecterons jusqu’à ce que la quantité ainsi envoyée nous paraisse
suffisante.
XLIX.
Étant donné un vase plein de vin et muni d’un goulot
d’écoulement, si on verse dans le col un cyathe (un petit verre) d’eau,
l’écoulement s’arrêtera; puis, si on verse un second cyathe, celui-ci s’écoulera
en dehors avec le premier, ou plutôt chacun des deux s’écoulera par un goulot
spécial; puis, après l’expulsion totale de l’eau, le vin recommencera à couler
par le goulot du milieu. Et cela se reproduira jusqu’à ce que la totalité du vin
soit écoulée.
Soit
AB
un vase muni près du fond d’un goulot Γ
et dont le col soit fermé par la cloison ΔΕ à travers laquelle
passe un tube ZH
recouvert d’un autre tube suffisamment distant de la cloison pour permettre le
passage de l’eau comme dans les diabètes à cloche. Qu’on fasse passer encore à
travers la cloison un autre tube ΘΚ
s’élevant au-dessus de la cloison un peu moins que le premier et se bifurquant
en deux goulots L
et M
; ce tube doit être recouvert d’un tube légèrement distant de la cloison comme
le précédent. Que le vase soit percé d’un évent
N
sous le diaphragme.
Si maintenant, ayant fermé les
goulots, nous versons du vin, il s’introduira dans la panse du vase par le tube
ZH; l’air s’échappera en effet par l’évent
N.
Mais, si nous fermons cet évent en ouvrant en même temps les goulots Λ
et M,
le liquide contenu dans le tube ΘΚ
s’écoulera par les goulots Λ
et M
et celui qui est dans la panse s’écoulera par le goulot Γ.
— Mais maintenant si, pendant que le goulot
G
coule, nous versons un cyathe d’eau sur la cloison, l’air ne pourra plus entrer
par le tube ZH
et par suite le goulot
G cessera de
couler. Si nous versons un second cyathe, l’eau s’élèvera au-dessus du tube
ΘΚ,
par lequel elle passera dans les goulots Λ et
M
et sera épuisée toute entière. Alors le tube
ZH permettra
l’introduction de l’air et provoquera ainsi un nouvel écoulement par le goulot
Γ,
et cela se reproduira autant de fois que nous verserons des cyathes à la partie
supérieure.
L.
Étant donné un vase plein de vin pur, faire que d’abord le vin
coule, puis qu’en versant de l’eau dans le vase, il sorte de l’eau pure, puis
encore du vin pur, et enfin, si on le désire, de l’eau mélangée avec le vin.

Soit
AB
un vase, muni d’une cloison Γ
près de son col; à travers la cloison passe un tube
EZ
qui se termine en dehors du fond par un goulot.
Dans le tube
EZ,
au-dedans du vase et près du fond est un petit trou
H;
il y a aussi un évent au-dessous du col.
Si maintenant, fermant le goulot
Z, nous versons le vin,
ce vin passera dans la panse, l’air s’échappant par l’évent Θ
; mais si nous fermons l’évent en dégageant le goulot, il ne s’écoulera que le
liquide contenu dans le tube
ZE.
Versons alors de l’eau, elle sortira pure. En dégageant l’évent, il sortira un
mélange d’eau et de vin; enfin, si on ne verse plus rien, ce sera le vin pur qui
s’écoulera.
LI.
En allumant du feu sur un autel, des figures font des
libations et de petits serpents sifflent.

Soit
AB
un piédestal creux sur lequel est un autel Γ,
dans l’intérieur duquel est un gros tube à ΔΕ descendant du
foyer dans le piédestal et se divisant en trois petits tubes: l’un
EZ
se rend à la gueule du serpent, l’autre ΕΗΘ à un vase propre à
contenir du vin ΚΛ,
dont le fond doit se trouver au-dessus de l’animal figuré en
M,
ce tube devant se relier au couvercle du vase ΚΛ
par un grillage.
Le troisième
tube ΕΝΞ
monte également à un vase
O
propre à recevoir du vin et est relié de la même manière à son couvercle; les
deux derniers tubes sont soudés aux fonds des vases, dans chacun desquels se
trouve un siphon recourbé ΡΣ
et ΤΥ.
Chacun de ces tubes a une de ses extrémités plongée dans le vin, tandis que
l’autre, qui aboutit à la main de la figure qui doit faire la libation, traverse
d’une façon étanche la paroi du vase à vin. Quand tu voudras allumer le feu, tu
projetteras d’abord un peu d’eau dans les tubes afin qu’ils ne soient point
crevés par la sécheresse du feu et tu boucheras toutes les ouvertures pour que
l’air ne s’échappe pas. Alors le souffle du feu,
mélangé avec l’eau, montera par les tubes jusqu’aux grillages et, passant par
ces grillages, elle pressera sur le vin et le fera écouler par les siphons
ΡΣ et ΤΥ.
Le vin sortant ainsi des mains des figures, celles-ci paraissent faire des
libations tant que l’autel est en feu. Quant à l’autre tube, qui conduit le
souffle à la gueule du serpent, il le fait siffler.
LII.
Étant donné un vase étanche muni d’un goulot ouvert et ayant
auprès de lui un thyrse sous lequel on place une coupe pleine, si on abaisse la
coupe, le goulot coulera un peu tant que la coupe sera dans cette position, mais
si on la relève, le goulot cessera de couler.

Soit
AB
le vase en question avec la cloison ΓΔ
qui ferme le col. A travers cette cloison passe un tube
EZ
qui y est exactement ajusté, et qui est surmonté d’un autre tube ΚΛ
disposé comme dans le diabète à cloche. Avec ce tube ΚΛ
communique un autre tube
MN
dont l’orifice M est ouvert tandis que
sa branche extérieure est plongée dans une coupe ΞΟ
où l’on a versé de l’eau de manière à la remplir.
Il est clair que la partie de ce
dernier tube qui est plongée dans la coupe est également pleine.
Dans le col du vase
AB
on verse un peu d’eau, juste assez pour empêcher l’introduction de l’air. Dès
lors, le vase AB étant plein,
Le goulot Π
ne coulera pas, puisque l’air ne peut entrer à cause de l’eau versée dans le
col. Mais, si nous abaissons la coupe, il se produira nécessairement du vide
dans la partie du tube qui y est plongée; l’air voisin sera attiré dans cette
partie vidée et attirera lui-même l’eau qui est dans le col de manière à
l’élever au-dessus de l’orifice
Z. L’air trouvant alors
une entrée, le goulot P
coulera jusqu’à ce qu’on relève la coupe ΞΟ,
ce qui amènera de nouveau l’eau qui est dans le col à empêcher l’introduction de
l’air; celle-ci reviendra en effet à sa position primitive et le goulot
H
cessera de couler. Ceci se reproduira chaque fois qu’on abaissera et qu’on
élèvera la coupe.
Il importe de ne point dégager
totalement la coupe afin que la branche du siphon ne se vide point complètement.
On fait entrer le tube
MN
dans un thyrse comme celui qui est figuré en ΡΝ
sur son pourtour afin que cela soit plus agréable à l’œil.
LIII.
Construction d’un flacon qui rend un son quand il verse un
liquide.
Soit un flacon tel qu’il va être
décrit: le col en est fermé par une cloison AB et l’orifice par une autre ΓΔ ;
à travers ces deux cloisons on fait passer un tube
EZ
exactement ajusté avec chacune d’elles; ΗΘ
est l’anse et ΚΛ
un tube placé du côté opposé qui traverse la cloison
AB
en s’y ajustant exactement et qui aboutit à une distance suffisante de ΓΔ
pour laisser passer l’eau; enfin dans la cloison ΓΔ est fixé un
petit tuyau M
propre à rendre un son.
Le flacon sera rempli par le tube
EZ, l’air sortant par le tube ΚΛ
et par le tuyau
M.
Saisissons-le alors par l’anse et inclinons le de façon à le vider; le liquide
s’écoulera à l’extérieur par le tube EZ et en même temps s’introduira par le
tube ΚΛ dans le col ΒΓ
; alors l’air contenu dans celui-ci, sera chassé par le petit tuyau
M
et produira un son.
Il faut encore un trou dans la
cloison
AB
pour permettre la rentrée de l’air quand le flacon est redressé.
LIV.
Un vase contenant du vin et muni d’un goulot étant placé sur
un piédestal, faire que, par le simple déplacement d’un poids, on oblige le
goulot à laisser couler une quantité donnée de vin, tantôt par exemple un demi-cotyle (0,13 l), tantôt un cotyle, bref, telle quantité qu’on voudra.

Soit
AB
le vase dans lequel on doit mettre le vin; il a près du fond un goulot Δ ;
le col est fermé par la cloison
EZ
à travers laquelle passe un tube ΗΘ qui descend jusqu’au
fond du vase en laissant toutefois une distance suffisante pour le passage de
l’eau. Soit ΚΛΜΝ
le piédestal sur lequel est établi le vase, et
ΞΟ
un autre tube, arrivant jusqu’auprès de la cloison et pénétrant dans le
piédestal. Dans le piédestal il y a de l’eau de manière à boucher l’orifice du
tube ΞΟ.
Soit en enfin une réglette ΠΡ
dont la moitié est à l’intérieur du piédestal et l’autre moitié au dehors; elle
est mobile autour du point
S
et à son extrémité P est suspendue
une clepsydre dont le fond est percé d’un trou
T.
Le goulot étant fermé, on remplit
le vase par le tube ΗΘ
avant de mettre l’eau dans le piédestal pour que l’air puisse s’échapper par le
tube ΞΟ
; puis on verse l’eau dans le piédestal, à travers un trou quelconque, de
manière à fermer l’orifice
O ; alors on
ouvre le goulot Δ.
Il est clair que le vin ne coulera pas, puisque l’air ne peut entrer d’aucun
côté; mais, si nous abaissons l’extrémité Ρ
de la réglette, une partie de la clepsydre sortira de l’eau, et, l’orifice
O
étant dégagé, le goulot Δ
coulera jusqu’à ce que l’eau soulevée dans la clepsydre, ait, en s’écoulant,
refermé ce même orifice
O.
Si lorsque la clepsydre est remplie de nouveau, nous abaissons encore davantage
l’extrémité Ρ,
le liquide contenu dans la clepsydre mettra plus de temps à s’écouler et par
suite il coulera plus de vin par le goulot: si la clepsydre toute entière
s’élève au-dessus de l’eau, l’écoulement durera encore plus longtemps.
Au lieu d’abaisser avec la main
l’extrémité Ρ de la règle, on peut
prendre un poids Φ,
mobile sur la partie extérieure ΡΧ
de la règle, et capable de soulever hors de l’eau la clepsydre toute entière
quand il est placé près de Ρ ;
ce poids en soulèvera donc une partie seulement quand il sera plus éloigné. On
procédera alors à un certain nombre d’expériences sur l’écoulement par le goulot
Δ en faisant des
coches sur la règle ΡΧ
et enregistrant les quantités de vin qui leur correspondent; de la sorte, quand
on voudra en faire écouler une quantité déterminée, il n’y aura qu’à amener le
poids à la coche correspondante et à laisser faire.
LV.
Construction d’une corne à boire de laquelle s’écoulera
d’abord un mélange d’eau et de vin; puis, en y versant de l’eau pure, on verra
couler à volonté de l’eau pure et de l’eau mélangée avec du vin.

Soit
AB
une corne à boire dont le col est fermé par une cloison ΓΔ
à travers laquelle passe un tube
EZ
aboutissant à l’orifice d’écoulement et ayant, à l’intérieur de la corne, un
petit trou H.
En fermant l’orifice
Z
et en versant le mélange, celui-ci passera dans l’intérieur de la corne par le
trou H, si ensuite nous
ouvrons l’orifice Z,
le mélange s’écoulera par cet orifice, l’air rentrant par l’évent Θ.
Fermons maintenant l’évent Θ
et versons de l’eau pure, celle-ci coulera, mais le mélange ne coulera pas parce
que l’air n’a point d’accès. L’évent Θ
étant débouché, tous deux s’écouleront: l’eau et le mélange ou plutôt un mélange
formé de l’un et de l’autre.
LVI.
En versant de l’eau dans un vase placé sur un piédestal et
muni d’un goulot un peu au-dessus du fond, faire couler tantôt de l’eau pure,
tantôt un mélange d’eau et de vin, tantôt du vin pur.

Soit
AB
le vase placé sur un piédestal ayant un goulot ΓΔ
dont l’orifice Γ
s’ouvre au-dessus du fond du vase.
On ferme le col du vase au moyen
de la cloison
EZ à travers
laquelle passe le tube ΗΘ formant une faible saillie au-dessus de
la cloison et descendant jusqu’au fond du vase en laissant toutefois un passage
pour l’eau. Soit ΚΛ
un autre tube extérieur fixé à la panse du vase, au-dessous duquel on mettra une
coupe KM. Soit enfin dans la
cloison un tout petit trou
N.
Ces dispositions prises, on verse
de l’eau dans le col du vase; la portion du liquide qui entoure la saillie du
tube restera dans le col, mais la portion qui la dépasse s’écoulera dans la
panse jusqu’à ce qu’elle atteigne l’orifice Γ ;
alors l’eau pure coulera. Le goulot commençant à couler, le vin pur, qui est
dans le vase KM,
sera attiré, comme dans un siphon et il s’écoulera un mélange d’eau et de vin.
Quand toute l’eau sera écoulée, le vin coulera pur, à cela près que l’eau,
qui est au-dessus de la cloison
EZ,
sera attirée en même temps; et lorsque toute cette eau se sera écoulée par le
trou N,
l’air entrant rompra la continuité et tout écoulement cessera.
LVII.
Étant donné un vase plein de vin et muni d’un goulot
au-dessous duquel est placée une coupe, faire couler le vin dans la coupe en
quantité déterminée.
Soit
AB
le vase renfermant le vin, ΓΔ
le goulot dont l’orifice supérieur est aplani avec assez de soin pour que la
superposition d’un disque
EZ
puisse empêcher l’écoulement de l’eau; à l’anse du vase on fixe la barre
verticale ΗΘ sur laquelle oscille
une autre barre ΚΛ.
Soit encore sous la base du vase une autre barre
MN
qui se meut autour de Ξ.
On établit enfin deux autres tiges
KO
et ΑΠ
mobiles autour de pivots de telle sorte que l’extrémité
M
de la barre étant abaissée, la rondelle
EZ
s’élève, le goulot s’ouvre et le liquide s’échappe, et que le goulot se referme
quand la barre revient à sa première position. La barre
MN
supporte la coupe dans laquelle on veut recevoir une quantité déterminée de
liquide; cette coupe Ρ
doit être placée sous le goulot. Soit enfin un poids Σ
qui peut glisser au moyen d’un anneau le long de la saillie
MO
de la barre.
On voit que, lorsque j’amène le
poids vers le point
M, le goulot
s’ouvre et le liquide tombe clans la coupe mais, celle-ci devenant alors plus
pesante, le poids S
remonte et le goulot se referme.
Pour que l’écoulement ait lieu
suivant la mesure, on verse dans la coupe un cotyle par exemple et, recevant
alors le liquide qui s’écoule du goulot dans un autre vase,
on fait glisser le poids jusqu’à ce qu’on ait arrêté l’écoulement; on marque
alors sur la barre le point où il se trouve et à ce point on note : un
cotyle. On procédera de même pour un demi-cotyle, deux cotyles et ainsi de
suite pour autant de mesures qu’on voudra. On aura ainsi des marques
correspondant à diverses quantités, indiquant les points où l’on devra amener le
poids pour faire couler les diverses quantités.
Au lieu de la rondelle
EZ,
on peut employer une sorte de cloche renversée sur l’orifice supérieur du tube
ΤΔ
et renfermant de l’air, de telle sorte que, dès que cet orifice se trouve plongé
dans cet air, l’écoulement s’arrête.
LVIII.
Étant donné un vase contenant du vin et muni d’un goulot
au-dessous duquel est placée une coupe, faire que, quelle que soit la quantité
de vin qu’on enlève de la coupe, il en coule une égale par le goulot.

Soit
AB
le vase du vin, ΓΔ le goulot avec une
rondelle EZ
et des barres ΗΘ,
KO,
ΛΜ
disposées comme plus haut.
Au-dessous du goulot est la coupe
Π;
à la tige KO on fixe un petit
bassin Ρ
enfermé dans un vase ΣΤ ; enfin un
tube ΤΦ
met en communication les vases ΣΤ
et Π.
Les choses étant ainsi disposées
et les vases Π et ΣΤ
étant vides, le petit bassin Ρ
sera au fond du vase ΣΤ et laissera
ouvert le goulot ΓΔ.
Le liquide qui s’écoule alors du vase
AB
se rendant dans les deux vases Π et ΣΤ,
le petit bassin sera soulevé et fera refermer le goulot jusqu’à ce que nous
enlevions de nouveau du liquide dans la coupe; cela se reproduira chaque fois
que nous retirerons du vin.
LIX.
Construction d’un coffre muni d’une de ces roues d’airain
mobiles qu’on appelle purificatrices et que ceux qui s’approchent des
sanctuaires ont coutume de faire tourner.

Soit ΑΒΓΔ
un coffre traversé par un axe
EZ.
Cet axe auquel est fixé la roue ΘΚ
destinée à tourner,
doit être
facilement mis en mouvement. On fixe également sur ce même axe deux autres roues
Λ
et
M
; l’une Λ est accompagnée
d’un treuil, l’autre M est dentée. Autour du
treuil s’enroule une corde à l’extrémité duquel est suspendu une cloche
(litt. un étouffoir)
N
muni d’un tube Ξ qui se termine par un
petit sifflet donnant le chant de la fauvette. Sous la cloche on place un vase
plein d’eau ΠΡ.
Du sommet du coffre descend un petit axe
T
qui est très mobile; à son extrémité Σ on fixe une fauvette,
et en T
un disque denté qui s’engrène avec le disque
M.
On voit que, si l’on fait tourner
la roue ΗΘ,
la corde s’enroule autour du treuil et soulève la cloche; mais, quand on lâche
la roue, la cloche redescend dans l’eau par son propre poids et produit le son
par l’expulsion de l’air; en même temps la fauvette tourne entraînée par la
rotation des disques.
LX.
Il y a des siphons qui, placés dans des vases, coulent
jusqu’à ce que les vases soient vides ou que la surface de l’eau soit descendue
au-dessous du niveau de l’orifice extérieur du siphon. On demande que
l’écoulement cesse brusquement au moment voulu.

Soit un vase
AB
renfermant un siphon GDE dont la
branche intérieure se redresse comme on le voit en ΓΖΗ.
Soit encore une barre fixe verticale ΘΚ à laquelle en est
adaptée une autre ΛΜ.
De celle-ci part une tige
MN
mobile autour d’un pivot et munie à son extrémité
N
d’un vase capable d’entourer la partie recourbée
HZ
du siphon.
Au point Λ
de la barre ΛΜ est suspendu un
poids, de telle sorte que quand le vase enveloppant s’élève au-dessus de la
partie redressée du siphon, celui-ci coule. Lorsqu’on veut faire cesser
l’écoulement, on n’a qu’à soulever le poids qui est en
L
de manière à abaisser le vase qui est en
N et à entourer la
partie redressée ZH
; alors le siphon cessera de couler. Si on veut faire recommencer l’écoulement,
il n’y a qu’à faire agir de nouveau le poids.
LXI.
Du feu étant allumé sur un autel, des figures paraîtront
exécuter une ronde. Les autels doivent être transparents, en verre ou en corne.
Du foyer part un tube allant
jusqu’à la base de l’autel, où il tourne sur un pivot pendant que sa partie
supérieure tourne dans un tuyau fixé au foyer. Au tube doivent être ajustés
d’autres tubes (horizontaux) en communication avec lui, qui se croisent entre
eux à angle droit et qui sont recourbés à leurs extrémités en sens contraire. On
lui fixe également un disque sur lequel sont attachées des figures qui forment
une ronde. Lorsque le feu de l’autel est allumé, l’air, s’échauffant, passera à
travers le tuyau dans le tube, mais chassé de ce tube à travers les petits tubes
recourbés et…………………
il fait tourner le tube ainsi que les figures qui forment la ronde.
LXII.
Construction d’un candélabre tel qu’en posant dessus une
lampe, lorsque l’huile se consume, il en vient par la poignée telle quantité
qu’on veut, et cela sans avoir besoin de placer au-dessus aucun vase servant de
réservoir à cette huile.

Il faut faire un candélabre creux,
avec une base en forme de pyramide. Soit ΑΒΓΔ
cette base pyramidale et dans cette base une cloison
EZ.
Soit encore ΗΘ
la tige du candélabre qui doit être également creuse; au-dessus on place un
gobelet KL pouvant renfermer une
grande quantité d’huile. De la cloison
EZ part un tube
MN
qui la traverse et qui arrive presque jusqu’au couvercle du vase ΚΛ
sur lequel est placée la lampe, de manière à laisser seulement un passage pour
l’air. Un autre tube ΞΟ
passe à travers le couvercle
KL
et, descend d’une part jusqu’au fond du vase en corbeille, de manière toutefois
à permettre à un liquide de s’écouler et de l’autre forme une légère saillie sur
le couvercle. A cette saillie on ajuste soigneusement un autre tube Π
bouché à sa partie supérieure, qui, traversant le fond de la lampe, fait corps
avec lui, et se trouve renfermé tout entier dans l’intérieur de la lampe. Au
tube Π
on en soude un autre très fin en communication avec lui et arrivant à
l’extrémité de la poignée de la lampe; ce tube débouche dans la poignée de façon
à pouvoir déverser dans le creux de la lampe où il y a un orifice de la grandeur
des autres. — Sous la cloison
EZ
on soude un robinet conduisant dans le compartiment ΓΔΕΖ
de telle sorte que, quand il est ouvert, l’eau de la chambre ΑΒΕΖ
passe dans le compartiment ΓΔΕΖ.
Dans la plaque de dessus
AB
on perce un petit trou par lequel le compartiment
ABEZ
peut être rempli d’eau, l’air intérieur s’échappant par le même trou.
Maintenant enlevons la lampe et
remplissons le gobelet d’huile à l’aide du tube ΞΟ
; l’air s’échappera par le tube MN et ensuite par un robinet qui est ouvert près
du fond ΓΔ,
quand l’eau qu’il peut y avoir dans le compartiment ΓΔΕΖ
sera écoulée. Posons la lampe sur son pied en l’emboîtant avec le tube
P
; quand il y aura besoin d’y verser de l’huile nous ouvrirons le robinet qui est
près de la cloison EZ,
l’eau qui est dans le compartiment
ABEZ
descendra dans le compartiment ΓΔΕΖ et l’air qui est
dans celui-ci, refoulé par le tube
MN dans le gobelet, fera
monter l’huile; celle-ci passera dans la lampe par le tube ΞΟ
et celui qui lui fait suite. Quand on veut arrêter l’arrivée de l’huile, on
ferme le robinet et l’écoulement cesse. On peut répéter cela aussi souvent qu’il
est nécessaire.
On peut produire le même effet
plus simplement avec les mêmes dispositions générales, sauf la base où se trouve
l’eau.
Toutes les dispositions sont les
mêmes, sauf pour la base et pour l’eau qu’elle contient. Le tube
MN
doit avoir l’orifice M
faisant saillie au-dessous du fond de la tige qu’il traverse en y étant soudé
tout autour.
Si alors on applique la bouche à
cet orifice extérieur et qu’on souffle, on enverra de l’air dans le gobelet, et
l’huile montera par le tube
XO
et tout se passera comme précédemment; aussi souvent qu’on soufflera dans le
tube l’huile montera dans la lampe; mais il faut que l’extrémité de la poignée
arrive perpendiculairement au trou de la lampe, pour que l’huile ne soit pas
projetée violemment au-dehors.
LXIII.
Construction d’une lampe [telle qu’en y versant de l’eau
on alimente la mèche d’huile].

Au-dessous de la lampe on place un
vase
AB
hermétiquement clos, qui peut, soit être fixé à la lampe, soit en être
indépendant; de la lampe partent deux tubes ΓΔ
et EZ
communiquant avec le vase. L’extrémité Γ
doit arriver au fond de celui-ci, de manière toutefois à laisser un passage pour
l’eau. Le tube ΓΔ
ira jusqu’à la partie supérieure de la lampe et aura à son extrémité une petite
soucoupe dans laquelle on doit verser l’eau. Le tube
EZ
traverse le fond de la lampe auquel il est luté.
Si maintenant on verse de l’huile
par l’ombilic de la lampe, cette huile se rendra d’abord dans le vase
AB
; puis, quand celui-ci sera plein, elle remontera par les tubes ΓΔ
et EZ
et la lampe se remplira aussi. Quand la lampe brûlera, elle se videra, si alors
nous versons de l’eau dans la coupe qui est en
D,
cette eau passera dans le vase ΑΒ,
l’huile montera et remplacera ce qui manque à la lampe en arrivant jusqu’au bec.
Lorsque l’huile aura encore baissé, nous recommencerons, répétant l’opération
chaque fois que la provision sera dépensée.
Si on veut pouvoir enlever le vase
AB en gardant la lampe
pleine d’huile, il faudra que la partie des tubes ΓΔ
et EZ
qui est dans le vase AB
se termine de manière à pouvoir s’emboîter à frottement dans les parties de ces
mêmes tubes qui sont dans la lampe, et munir ces derniers de robinets, de telle
sorte que quand ces robinets sont fermés, l’huile reste à sa place; alors le
vase pourra être enlevé. Quand on le voudra, on pourra réunir encore les deux
parties et ouvrir les robinets.
Il convient de faire arriver le
tube
EZ près de la poignée de
la lampe et le tube ΓΔ
un peu en arrière en le terminant à sa partie supérieure par un vase en forme de
coupe dans lequel on versera de l’eau, de telle sorte que lorsqu’on verse l’eau,
c’est de l’huile qu’on voit sortir de la poignée.
LXIV.
Construction d’un calorifère tel que, si l’on place dessus
une figure d’animal qui semble souffler, cette figure soufflera sur les charbons
et la combustion du calorifère sera activée; de plus, si un robinet est placé
sur le pourtour de la partie supérieure du calorifère, rien n’en sortira, bien
que ce robinet soit ouvert, à moins qu’on n’ait d’abord versé de l’eau froide
dans la coupe; enfin, l’eau froide ne se mélangeant pas avec la chaude jusqu’à
ce qu’elle arrive au fond, il sortira de l’eau très chaude.

Supposons un calorifère de forme
quelconque. On établit dans la partie réservée à l’eau et à l’aide de deux
cloisons verticales, un compartiment hermétiquement clos. Ce compartiment
communique avec l’une des extrémités de l’un des tubes qui passent sous les
charbons; on choisit un tube près du fond et on bouche l’autre extrémité de ce
tube pour que l’eau du calorifère n’y entre point; quant au autres, ils
communiquent avec le compartiment où est l’eau, de telle sorte qu’il n’y en a
qu’un seul, celui qui communique avec le petit compartiment, qui, par la
combustion des charbons, engendre de la vapeur.
Par le moyen d’un tube qui
traverse la paroi supérieure du calorifère, cette vapeur est portée jusqu’à la
bouche de l’animal et de là sur les charbons, car la figurine est disposée de
manière à souffler de haut en bas; et l’animal souffle tant qu’il y a production
de vapeur.
C’est le feu qui produit le
souffle. Si nous versons dans le petit compartiment une petite quantité d’eau
nous produirons une plus grande quantité de vapeur,
et, comme dans le cas des chaudières placées sur le feu où nous voyons monter la
vapeur qui provient de l’eau,
la figurine soufflant avec violence, embrasera encore plus le calorifère.
La figurine doit être rendue
mobile à l’aide d’un tube qui entre à frottement dans un autre tube. Nous
pourrons ainsi introduire la petite quantité d’eau; de plus, quand nous ne
voudrons pas que la figure souffle sur les charbons, nous pourrons la retourner
de l’autre côté.
Sur la paroi supérieure, on place
également une petite coupe, d’où part un tube qui descend jusqu’au fond du
calorifère, afin que l’eau que nous y versons puisse aller jusqu’au fond. Pour
que la chaudière puisse être remplie quand on verse de l’eau et qu’en même temps
l’eau ne puisse s’en échapper en bouillonnant par-dessus, il faut faire passer à
travers la paroi un autre tube qui se déverse dans la coupe, et à sa partie
intérieure pour qu’on ne l’aperçoive pas.
Nous allons maintenant exposer la
construction de cette chaudière.
Établissons un cylindre creux dont
AB soit la surface inférieure, ΓΔ
la face supérieure; construisons un second cylindre avec le même axe que le
premier, dont EZ
et ΗΘ
soient les surfaces inférieure et supérieure. [Dans l’espace annulaire compris
entre les deux cylindres, fixons des plaques comme pour maintenir ces cylindres
ensemble et couvrons cet espace annulaire].
Dans le cylindre ΕΖΗΘ on place les
tubes OK,
ΛΞ,
MN:
le tube ΛΞ est ouvert d’un seul
côté, en Ξ
; les deux autres sont percés à chaque extrémité, et leurs orifices s’ouvrent
dans l’espace qui sépare les cylindres.
Dans ce dernier espace, on place deux cloisons
EH,
ΖΘ,
qui isolent le compartiment ΗΘΕΖ,
dans lequel débouche le tube ouvert d’un seul côté dont il a été parlé. Sur le
couvercle, c’est-à-dire sur ΗΘ,
on place un petit tube auquel est fixée la figurine; celle-ci, percée d’outre en
outre, communique avec le tube et doit être inclinée de haut en bas de manière à
regarder dans les charbons. Pour qu’elle cesse de souffler à volonté, le tube
qui la porte doit entrer à frottement dans un autre de telle sorte que, quand on
la tourne en sens contraire, elle ne souffle plus sur les charbons, mais du côté
opposé à la chaudière. Cette disposition nous sera également utile pour verser
de l’eau dans le compartiment ΗΖΕΘ,
car, en enlevant la figure du tube dans lequel elle est enfoncée, on peut y
verser de l’eau, et il passera alors une plus grande quantité de vapeur par la
figurine.
Sur le couvercle on pose une coupe
ΡΣ ; qui communique avec
l’intérieur, et dont le fond est adapté à un tube qui descend jusqu’au fond de
la chaudière, en laissant toutefois un passage pour l’eau. Quand on désire faire
sortir de l’eau chaude, on verse par ΡΣ
de l’eau froide; celle-ci descendra par le tube qui pénètre dans le compartiment
à eau chaude; l’eau chaude montera et passera par le robinet A placé sur le
pourtour de la partie supérieure, car l’eau froide que l’on vient d’introduire
n’a encore pu se mélanger avec l’eau chaude qui est au-dessus. Aussi souvent que
cela sera répété, nous obtiendrons de l’eau chaude en remplacement de celle que
nous verserons froide.
Pour savoir quand la chaudière est
prête à déborder, on place un évent, percé d’outre en outre, sur la face
supérieure où l’on a fait un trou : ce sera un petit tube tourné vers la coupe
ΡΞ,
pour que, si l’eau chaude s’élève, elle soit envoyée dans la coupe.
Telle est la construction de la
chaudière. Si on ne veut pas occuper le compartiment ΖΗΕΘ
dans toute sa longueur mais seulement en partie, on fera les cloisons à
mi-hauteur et on en placera une autre au-dessus, à travers laquelle on fera
passer un tube qui monte jusqu’à la figurine. Quand le feu sera allumé, il
s’élèvera un jet de vapeur de la petite chambre, dans laquelle on pourra verser
de l’eau comme ci-dessus.
LXV.
Construction analogue où l’on peut produire [en outre] le
son de la trompette et le chant du merle.

On fait un calorifère semblable au
précédent, dans lequel tous les tubes placés dans le foyer sont percés aux deux
bouts;
en dehors du foyer on place un tube femelle ΦΕ
dans lequel est ajusté è frottement un tube mâle ΚΛ qui communique
avec une chambre à air chaud et qu’on peut faire tourner à l’aide d’une clavette
K.
Ce tube est percé de trois trous
M,
N,
Ξ
; trois trous sont également percés dans le tube ΦΕ
en face de
M,
N
et Ξ.
Prés de Ξ on établit un support
qui contient un tube relié à ce trou Ξ, et sur lequel on
dresse une figurine analogue à celles que nous avons décrites plus haut. De
M
et de N
partent deux tubes MO et
ΝΠ,
recourbés à leurs extrémités supérieures, qui viennent se souder à des trous
percés dans le couvercle du calorifère. A travers ces trous passent d’autres
tubes entrant à frottement dans les tubes
P et
O.
Sur un de ces tubes on place un petit oiseau creusé à l’intérieur de façon à
pouvoir contenir de l’eau. Le tube sur lequel est fixé l’oiseau est recourbé et
pourvu d’un tuyau à anche, choisi de manière à produire les sons voulus; sa
partie recourbée pénètre dans l’eau de manière à produire le chant du merle
quand le son du tuyau s’effectue dans l’eau.
De même le tube ΝΠ
reçoit à frottement un autre tube sur lequel on place une figurine en forme de
triton ayant une trompette à la bouche. Le tube sur lequel est placé le triton
est de plus muni, comme d’ordinaire, d’une anche et d’un pavillon. Lorsque la
vapeur atteint ces pièces elle produit le son de la trompette. On cherchera par
tâtonnement quand les trous du tube
KL
se trouveront en face des trous des tubes
MO et ΝΠ
ou du tube Ξ
qui supporte la figure. Cela connu, on fera des marques correspondantes près de
la clavette ΚΛ
afin de pouvoir à volonté faire sonner la trompette, souffler la figure
ou siffler le merle. Les dispositions relatives à la coupe et à la montée de
l’eau chaude sont celles qui ont été décrites plus haut.
LXVI.
Construction d’un orgue hydraulique.

Soit ΑΒΓΔ
un autel
de bronze contenant de l’eau; soit encore, dans cette eau, un hémisphère creux
renversé, qu’on appelle éteignoir, ΕΖΗΘ,
laissant un passage pour l’eau tout autour de son fond
et du sommet duquel deux tubes, qui sont en communication avec son intérieur,
s’élèvent en dehors de l’autel. L’un de ces tubes ΗΚΛΜ
se recourbe à l’extérieur et communique avec une pyxide ΝΞΟΠ
dont l’ouverture est en bas et dont la surface intérieure est alésée de manière
à recevoir un piston ΡΣ
qui doit joindre très exactement pour ne point laisser passer l’air. A ce piston
on fixe une tige ΤΥ
extrêmement forte à laquelle est adaptée une autre tige ΥΦ
mobile autour d’une goupille en
U
; ce levier doit se mouvoir sur une tige verticale
YC
solidement fixée. Sur le fond de la pyxide ΝΞΟΠ on place une
autre petite pyxide Ω
qui communique avec la première et qui est fermée à la partie supérieure par un
couvercle percé par un trou de manière à permettre à l’air de pénétrer dans la
pyxide; sous le trou de ce couvercle, et pour le fermer, on dispose une plaque
mince soutenue au moyen de quatre chevilles qui passent à travers des trous de
la plaque et qui ont des têtes pour empêcher la plaque de tomber; on appelle
cette plaque Platysmation.
L’autre tube
Z Z’
monte de l’hémisphère
ZH;
il aboutit à un tube transversal
A’B’
[sommier] sur lequel s’appuient des tuyaux communiquant avec lui,
ayant à leurs extrémités comme des embouchures de flûte qui communiquent
elles-mêmes avec ces tuyaux et dont les orifices B’ sont ouverts.
Transversalement à ces orifices, des couvercles percés de trous [registres]
glissent de telle manière que, quand on les pousse vers l’intérieur de
l’orgue, leurs trous correspondent aux orifices des tuyaux, et que, quand on les
retire, la correspondance n’existant plus, les tuyaux soient fermés.
Si maintenant on abaisse en Φ
la tige transversale [ΥΦ], le piston ΡΣ
se relèvera et comprimera l’air de la pyxide ΝΞΟΠ et cet air
fera fermer l’ouverture de la petite pyxide au moyen du platysmation décrit plus
haut. Il passera alors au moyen du tube ΜΛΚΗ dans
l’éteignoir; puis de l’éteignoir, dans le tube transversal A’ B’ par le tube
z z’,
et enfin, du tube transversal dans les tuyaux, si leurs orifices correspondent
aux trous des couvercles, ce qui aura lieu quand tous les couvercles ou
seulement quelques-uns d’entre eux auront été poussés vers l’intérieur.
Pour que, quand on veut faire
résonner certains tuyaux déterminés, leurs orifices soient ouverts et pour
qu’ils soient fermés quand on veut faire cesser le son, on emploiera la
disposition suivante.
Considérons isolément une de ces
embouchures placées à l’extrémité

: soient γδ
cette embouchure, δ son
orifice, e
le tuyau de communication,
rs
le registre qui y est adapté, et enfin η le trou de ce registre qui, en ce moment, ne coïncide pas avec le
tuyau ε.
Soit maintenant un système articulé composé de trois tiges ζθ, αμ,
βμ, la tige ζθ étant attaché au
couvercle ρσ
et l’ensemble du système se mouvant autour d’une goupille γμ.
On voit que si nous abaissons avec
la main l’extrémité βμ
du système vers l’orifice des embouchures, nous ferons marcher le couvercle vers
l’intérieur, et lorsqu’il y sera arrivé, son orifice coïncidera avec l’orifice
du tuyau. Pour que, en retirant la main, le couvercle soit spontanément ramené
vers l’extérieur et ferme toute communication, on peut employer l’un des moyens
suivants. Au-dessous des glossocomes on établit une règle égale et parallèle au
tube A’B’, à laquelle on fixe des lames de corne solides et recourbées telles
que ζμ qui se trouve en
face de une cordelette est fixée au bout de cette lame de corne et va s’enrouler
à l’extrémité θ,
de telle sorte que quand le registre est ramené vers l’extérieur, la cordelette
soit tendue. Si alors on abaisse l’extrémité βμ
et qu’on pousse ainsi le registre à l’intérieur, la cordelette tirera sur la
lame de corne et la redressera; mais dès qu’on cessera la pression, la lame
reprendra la position primitive et tirera en arrière le couvercle, de manière à
empêcher son orifice d’établir la communication. Cette disposition étant adoptée
pour chacune des embouchures, on voit que, pour faire résonner l’un quelconque
des tuyaux, il suffira d’abaisser la touche correspondante avec le doigt; quand,
au contraire, nous voudrons faire cesser le son, nous n’aurons qu’à élever le
doigt et l’effet se produira par le déplacement du couvercle.
On verse de l’eau dans le petit
autel afin que l’air comprimé (celui qui est chassé de la pyxide ΝΞΟΠ)
puisse, grâce à la pression de cette eau, être contenu dans l’éteignoir et
alimenter ainsi les tuyaux.
Le piston ΡΣ,
quand il est levé, chasse donc l’air de la pyxide dans l’éteignoir, comme cela a
été expliqué; puis, quand il est abaissé, il ouvre le platysmation de la petite
pyxide; par ce moyen la pyxide [ΝΞΟΠ]
se remplit d’air venu du dehors, que le piston, relevé de nouveau, chasse encore
dans l’éteignoir.
Il vaudrait mieux rendre la tige
ΤΥ mobile en
T
autour d’une clavette et fixer au fond ΡΣ
du piston une bride à travers laquelle passerait cette clavette de telle façon
que le piston n’ait pas de mouvements latéraux, mais qu’il monte et descende
d’aplomb.
LXVII.
Construction d’un orgue qui fait résonner des tuyaux quand
le vent souffle.

Soient A les tuyaux, ΒΓ
le tube transversal qui communique avec eux,
E
un tube vertical, EZ
un autre tube horizontal mettant en communication ΔΕ
avec la pyxide
ΗΘ
dont la surface intérieure est alésée de manière à y ajuster un piston ΚΛ
qui doit pouvoir s’y mouvoir librement. A ce piston on ajuste une tige ΜΝ
et à celle-ci une autre tige ΝΞ
mobile à l’extrémité d’un axe ΠΡ. En
N
est une clavette jouant facilement et en Ξ est fixée une palette
ΞΟ.
Celle-ci est placée à portée d’une barre Σ
mobile sur des pivots en fer placés sur un bâti qui peut être changé de place.
Sur la barre Σ
sont calés deux petits disques Υ
et Φ
: le premier est muni de cames placées près de la palette ΞΟ
; le second a des ailes semblables à celles des moulins à vent.
Quand ces ailes, mues par le vent, font tourner le disque Φ,
la barre tourne aussi, entraînant dans son mouvement le disque Υ
et ses cames qui, venant à frapper sur la palette, soulèvent le piston; quand
une came est dégagée, le piston redescend, chasse l’air de la pyxide ΗΘ
dans les tubes et les tuyaux et produit le son.
On peut faire mouvoir le bâtis qui
soutient la barre de manière à profiter toujours du vent régnant et à produire
ainsi un mouvement de rotation plus rapide et plus continu.
LXVIII.
Séparer un animal en deux et le faire boire.

Dans la bouche d’un animal on
place un tube
AB et dans le cou, un
autre ΓΔ
qui va passer par l’un des pieds de derrière. Entre ces tubes est un cylindre
mâle
EZ auquel sont attachées des crémaillères
H
et Θ.
Au-dessus de Θ on place un segment de
roue dentée K
et, au-dessous de H, un autre
segment de roue dentée Λ. Sur le tout se trouve une roue
M
dont le bord extérieur est plus épais que le bord intérieur et qui est coupée
par trois cercles, μ,
ν et ξ, de manière que l’intervalle entre chaque division
soit égal au rayon de la roue ; les sections opérées par ces cercles feront que
le pourtour de la roue ne sera plus circulaire.
Faisons maintenant une incision
ΟΠ dans la partie
supérieure du cou ; séparant la tête au-delà de cette section, nous y creuserons
une cavité circulaire plus large au fond qu’au bord, comme un tube femelle en
forme de hache,
de manière à contenir deux côtés de l’hexagone inscrit dans le cercle. Soit
ΡΣ cette cavité dans
laquelle la jante entière tourne de telle sorte que, avant qu’une des saillies
la quitte, le commencement de la seconde se présente et ainsi pour la troisième
; on voit que, si l’on passe une cheville à travers la roue et qu’on donne à
celle-ci un mouvement de rotation, on fera ainsi adhérer la tête au cou de
l’animal.
Si alors on fait descendre une
lame de couteau dans l’incision ΟΠ,
elle entrera dans une des entailles
x
du contour de la roue et, faisant tourner celle-ci dans la cavité circulaire,
elle passera au-delà sans rompre la liaison qui a lieu entre la tête et
le corps, grâce à la jante de la roue.
Descendant encore plus bas, elle
viendra buter contre la partie saillante de la roue dentée
K
qui, mise en mouvement, introduira ses dents dans celles de la crémaillère
Q.
Celle-ci, ramenée en arrière, entraînera le cylindre hors du tube
AB;
la lame, passant dans l’ouverture qui se produit, descendra encore et tombera
sur la partie saillante
L
de l’autre roue dentée. Celle-ci, mise en mouvement à son tour, ajustera ses
dents avec celles de la crémaillère Θ, retirera le cylindre
de ΓΔ
et le poussera dans ΑΒ
[ce cylindre est un tube se mouvant à frottement doux à l’intérieur des deux
autres : celui qui va à la bouche de l’animal et celui qui, partant de
l’incision du cou au pied de derrière]……………….
Quand la lame a complètement
traversé le cou et que le tube
EZ
est revenu se mettre en contact avec les tubes
AB et ΓΔ,
on présente de l’eau à l’animai et on fait tourner le système de tubes
concentriques placés sous le bouvier. La rotation de celui-ci fera ainsi couler
l’eau de haut en bas et l’air attiré par l’écoulement de l’eau attirera avec lui
le liquide présenté à la bouche de l’animal. Il est bien entendu que les tubes
concentriques sont disposés de telle sorte qu’on peut arriver à faire coïncider
leurs ouvertures en faisant tourner le bouvier.
On peut obtenir le même résultat
de la même manière sans faire intervenir un courant d’eau (Fig. 2).
Soit encore un piédestal ΑΒΓΔ
clos de tous côtés, muni d’un diaphragme
EZ;
soit un tube ΗΘΚ
allant de la bouche au piédestal. Un autre tube ΛΜΝ,
traversant la plate-forme ΑΔ
du piédestal et le diaphragme
EZ,
devra être percé d’un trou
X
au-dessus du diaphragme
EZ.
Enfin, un autre tube on, tournant à frottement doux à l’intérieur de ΛΜΝ,
aura un trou Ρ
placé à la hauteur de Ξ
et portera une figurine représentant soit un Pan, soit un autre personnage armé
d’un bâton. Cette figurine étant tournée du côté de l’animal, celui-ci ne boira
pas, comme terrifié; mais, si elle se détourne, il boira.
Si maintenant nous versons de
l’eau dans le compartiment ΑΔΕΖ
par un trou Ψ
que nous boucherons ensuite avec de la cire ou quelque autre substance, il
arrivera que, quand les trous Ρ
et Ξ
seront en regard l’un de l’autre, l’eau que nous avons versée passera dans le
compartiment ΕΒΓΖ et le vide qui se
produit dans ΑΔΕΖ
attirera l’air par la bouche de l’animal. Celui-ci boira donc.
LXIX.
Voici comment se produit le son de la trompette quand on
ouvre la porte d’un temple.

Derrière les portes on place un
vase ΑΒΓΔ
contenant de l’eau, dans lequel on abouche un éteignoir, c’est-à-dire un vase
conique renversé Z. Le
fonds de ce vase est percé et on y adapte une trompette munie de son pavillon et
de son anche. On adapte ensuite au tube de la trompette une tige ΛΜ
fixée à la fois au tube de la trompette et à l’éteignoir, et dont l’extrémité
porte un arrêt M,
c’est-à-dire une griffe sous laquelle passe une règle ΝΞ
supportant l’éteignoir à une distance convenable de l’eau; la règle ΝΞ
se meut autour d’un pivot
O
et à son extrémité Ξ
s’attache une corde ou une chaîne qui va se fixer par l’autre bout à l’extérieur
des portes en passant sur une poulie Π.
On voit que, quand la porte
s’ouvre, la corde se tend et soulève l’extrémité Ξ de la règle, de telle façon que
la règle ΝΞ ne se trouve plus
supporter la griffe M ;
celle-ci se déplaçant, l’éteignoir tombe dans l’eau et fait sonner la trompette
parce que l’air qu’il contient sort par l’anche et le pavillon.
Il y a ici une
lacune, car la condition indiquée n’est point suffisante. Le siphon ne
s’amorcera par le dispositif décrit qu’autant que la hauteur du vase
ΧΨ
sera supérieure à celle de la petite branche. On peut s’en rendre compte
de la manière suivante :
Considérons le moment où
le liquide est arrivé en ΜΝ
au sommet de la grande branche

et supposons
l’orifice Ο
fermé avec le doigt. Appelons:
H la pression atmosphérique qui s’exerce
sur le niveau ΑΒ et sur l’orifice O;
P la pression exercée en O sur le
doigt par le liquide du siphon; h la hauteur de la tranche MN au-dessus
du niveau AB, hauteur qui peut être considérée comme celle de la petite
branche; h’ la hauteur entre l’orifice O et le niveau CD de l’eau dans
le vase ΧΨ;
p la pression de l’air
enfermée dans le siphon.
Dans la petite branche
nous avons:
H = p+ h
Dans la grande branche
P = p + h’
d’où H+h’ = P+h.
Or, pour qu’il y ait
écoulement, il faut que P soit plus grand que H et par conséquent que h
soit plus petit que h’.
La pipette
que l’on emploie dans les laboratoires est fondée sur le même principe.
Le P. SCOTT rapporte que
de son temps on se servait en Sicile de l’appareil décrit par Héron pour
puiser le vin dans les vases où on le faisait rafraîchir au milieu de la
glace. Il appelle cet appareil Crible de la vestale. (Mech.
Hydro-pneum., p. 303.)
Le P. KIRCHER (Œd
Aeg., t. 2, p. 327) indique une machine analogue où le chant d’un
oiseau et le mouvement de son bec, de ses ailes et de sa queue serait
produit par l’échauffement, au moyen des rayons du soleil, de l’air
contenu dans un piédestal.
Il suffit en effet, pour
cela, de disposer de petits tubes aboutissant d’une part à la chambre
contenant l’air à dilater, de l’autre soit à un sifflet soit contre les
palettes d’une roue mobile munie de dents qui mettent en action des
leviers et des fils destinés à faire mouvoir le bec, les ailes et la
queue de l’oiseau.
Aujourd’hui on ne
construit pas autrement à Paris ces oiseaux chanteurs qui font l’objet
d’un commerce assez considérable avec l’orient; seulement le moteur est
un mouvement d’horlogerie.
Le texte est
tellement corrompu qu’on peut supposer qu’il contenait primitivement
quelques mots de plus pour expliquer cet appareil qui n’a été compris
par aucun des traducteurs de Héron. Le tube
HQ
doit descendre un peu plus bas que le bord de la coupe, de telle sorte
que, quand la coupe est pleine, le liquide qui est au même niveau dans
le piédestal bouche l’orifice du tube.
Philon donne, dans l’un
des appareils que nous reproduirons plus loin, l’application de cette
disposition à une lampe.
Dans les
différents textes grecs, la description de cet appareil se termine par
la phrase suivante qui est évidemment corrompue:
On a découvert au
siècle dernier à Castrum Novum, près de Civita Vecchia,
une pompe semblable à celle que décrit Héron, mais incomplète.
Rich en donne la figure au mot Sipho.
Il y avait à Rome un
corps de pompiers qui faisait partie de la cohorte des gardes de nuit
(vigiles) établi par Auguste. Il en est fait mention dans une
inscription rapportée par Muratori (783, 3) et dans le Digeste (lib. 1, tit.
xv, cap.
iii). Pline le
Jeune raconte dans une de ses lettres (liv.
x, lettre 43) que,
lorsqu’il commandait en Bithynie, il voulut organiser 150 ouvriers en
compagnie de pompiers; mais l’empereur Trajan ne voulut point l’y
autoriser, tant le pouvoir ombrageux de Rome redoutait les corporations
populaires.
Le père
Kircher (Œd. Aegypt., t. II, part. 1, P. 336) dit que
Clément d’Alexandrie parle des roues lustrales dans ses Stromates,
l. vi et que la raison
mystique de cette coutume est décrite dans l’obélisque de Pamphile. Il
ajoute que les Egyptiens croyaient ainsi se rendre favorables les
intelligences supérieures qu’ils nommaient Tyngas et que c’était
Mophta, le dieu qui présidait aux eaux, qui leur envoyait l’eau
sacrée dont ils se servaient soit pour leurs libations soit pour tout
autre usage religieux.
Cet appareil a été
reproduit avec quelques modifications par Jacques
Besson, dans son
Theatrum instrumentorum et machinarum.
(Lyon,
1578, in-f°). Le vase a la forme d’un tonneau; dans la bonde est fixé un
robinet à trois voies qui communique par trois tubes différents aux
trois compartiments du tonneau et qui sert à les remplir; un robinet
analogue sert à l’écoulement. Besson fait remarquer qu’on pourrait se
servir de ce dernier seul pour remplir et vider le tonneau.
Cet appareil est
toujours cité quand on parle des premières applications de la vapeur;
j’y reviendrai à propos de l’appareil XLI.
A la suite de cet
appareil les différents manuscrits et éditions des Pneumatiques donnent
un passage que je mets ici en note parce que je ne puis croire qu’il
appartienne à la rédaction primitive. Le voici :
« ON PEUT AUSSI
CONSTRUIRE UNE SPHÈRE TRANSPARENTE CONTENANT A L’INTÉRIEUR DE L’AIR ET
DE L’EAU ET, EN SON MILIEU, UNE PETITE BOULE, CE QUI REPRÉSENTE LE
MONDE. » Pl. XIX, fig. 5.
« On prend deux
hémisphères en verre, dont l’un est fermé par une plaque en bronze,
percée en son milieu d’un trou rond; on remplit l’autre d’eau et on y
jette une petite sphère légère, puis on applique par dessus l’hémisphère
qui a la plaque. Une certaine quantité d’eau sortira alors et la petite
sphère restera fixée au milieu. On voit donc que, par l’application du
second hémisphère, on a réalisé la proposition demandée. »
Je suppose, sans en avoir
fait l’expérience, que l’on peut arriver à joindre les deux hémisphères
de telle façon que la pression atmosphérique, les tienne ensuite réunis;
c’est à cause de cela que cet appareil peut avoir sa place dans un
traité de Pneumatique; mais il me parait indigne d’un savant de l’école
d’Alexandrie d’avoir donné comme représentation du monde une figure qui
représentait le système de Thalès, dont j’ai fait mention dans
l’introduction et qui était abandonné depuis bien longtemps.
Le globe de verre en
question devait, comme aujourd’hui la fiole aux quatre éléments, faire
partie du bagage des charlatans de l’époque.
Cela ne sera vrai
qu’à la condition de fermer à ce moment le tube de l’entonnoir.
Salomon de Caus
(Les raisons des forces mouvantes, Paris 1624, liv. 1 probl.
xiii) donne une
application analogue du mouvement de l’eau produit par la chaleur du
soleil; il appelle sa machine, Fontaine continuelle, et la décrit
ainsi:
Drebell
(De
natura elementorum.
—
Genevae, 1628, in 12, p. 25, 26), décrit l’appareil de Héron, mais sans
indiquer l’auteur chez lequel il l’a trouvé, et il s’en sert pour
démontrer l’accroissement de volume de l’air par la chaleur.
Le premier qui ait eu
l’idée de se servir d’un appareil analogue pour mesurer la
chaleur parait être l’ingénieur
Telioux dont il existe en manuscrit une
Matematica
meravigliosa
rédigée à Rome en 1611 (Bibl. de l’arsenal, MSS
italiens, n° 20). Voici comment il s’exprime p. 20:
« Prenez deux fioles
ayant des cols d’an moins un pied et dont l’une soit un peu plus grosse
que l’autre de manière à ce que l’autre puisse y entrer; puis remplissez
la plus grosse d’eau à peu près aux trois quarts. Ensuite introduisez la
plus petite dans celle-ci de manière à ce que son orifice plongé dans
l’eau et que l’air ne puisse y entrer; alors vous verrez que l’eau
montera ou descendra suivant qu’il fera chaud ou froid. En effet, la
chaleur fait dilater l’eau qui a besoin d’occuper plus de volume et qui
s’élève à cause de l’étroitesse du col, tandis que le froid la contracte
et fait baisser son niveau, vous pourrez constater les différences au
moyen d’une graduation marquée sur le côté. »
C’est bien là un
véritable thermomètre, Cependant
Libri (Histoire des sciences mathématiques en Italie, tome
iii, p. 189 et suiv.) lui
en conteste la paternité. D’après ce savant, Galilée aurait construit un
thermomètre avant 1597 et il en aurait montré les effets au P. Castelli
vers 1603. En 1620, Bacon,
(Novum
organum,
lib.
ii, aph.
xiii) parle des
Vitra
kalendaria
comme d’une chose très connue. On peut voir, dans la
Mechanica hydropn. du P.
Scott, p. 229, combien ces
thermoscopes ou thermomètres étaient encore grossiers en 1657.
Je ne m’étendrai point
ici sur la question de l’origine de la machine à vapeur qui a été si
longuement étudiée de nos jours. Je ferai observer cependant que les
différents écrivains qui en attribuent la première idée à Héron
paraissent n’avoir connu que les appareils XXXVII et XLI de cette
traduction; ils avaient lu très légèrement l’ingénieur grec et n’avaient
point remarqué les appareils LI, LXIV et XLV où la vapeur joue un rôle
important.
Pour que
l’écoulement du liquide contenu dans
BG
ait lieu jusqu’au bout. il faut que l’orifice
M,
au lieu d’être simplement percé dans le bas de ce compartiment, soit à
l’extrémité inférieure d’un tube qui descendra verticalement au-dessous
du fond
B
d’une quantité précisément égale à la différence de hauteur entre la
cloison ΓΔ
et le niveau du liquide dans la cloche à la fin de l’opération.
Il est en effet d’abord
facile de voir que l’ascension de l’eau dans
KL
sera d’autant plus difficile que le niveau de l’eau dans le compartiment
AD
sera plus bas.
Prenons de suite le cas
le plus défavorable, celui où les compartiments
GB
et
AD
sont sur le point d’être vides, l’un par l’écoulement en
M,
l’autre par l’ascension suivant ΚΛ
; si à ce moment nous trouvons les conditions d’équilibre du liquide, il
est clair qu’un instant auparavant il était en mouvement.
Soit donc P la pression
atmosphérique qui s’exerce en
M
et en
N,
p la pression de l’air contenu dans la cloche à l’instant considéré, h
la longueur NT et h’ la distance entre le point
L
et le niveau du liquide à l’instant considéré. Nous avons d’une part en
considérant le compartiment
AD :
P = p +
h ’
d’autre part, en
considérant le compartiment
BG :
P =
p+h
Héron semble
n’avoir eu qu’une idée vague de cette expérience et il part d’un
principe faux en admettant que le siphon Γ
ne se réamorcera pas après avoir été désamorcé.
Il est facile de
démontrer que ce siphon se réamorcera dès que le niveau de l’eau versé
dans le vase
AB
se sera élevé au-dessus de la courbure du siphon Γ
d’une hauteur égale à la hauteur de la partie de la grande branche
immergé dans le vase
Z.
Soit, en effet, p la
pression de l’air contenu dans le siphon, P la pression atmosphérique,
h la distance verticale entre la courbure du siphon et le niveau
du liquide dans
AB
et enfin h’ la partie immergée de la grande branche dans l’éprouvette
H.
Considérons le moment extrême où le liquide est encore en équilibre et
où la moindre adjonction d’eau dans
AB
déterminera l’écoulement par le siphon. A ce moment la pression p sera
égale d’une part à p + h, d’autre part à p + h’, d’où il
suit, que h = h’. De là résulte que pour que le siphon
G
ne s’amorce pas de nouveau avant le siphon
E,
il faut que la hauteur de l’éprouvette
Z
soit égale à la distance verticale entre les courbures des deux siphons,
en supposant que les longues branches arrivent jusqu’au bas des vases et
que ces vases soient assez étroits pour laisser déverser l’eau avant le
moment considéré. Il est clair que, dans ces conditions, le siphon
G
ne s’amorcera pas quand le siphon
D
s’amorcera.
Un raisonnement analogue
montrerait que, pour que le siphon Δ
ne s’amorçât pas avant le siphon
E,
il faudrait que la hauteur du vase
H
fut égale à la distance verticale η” entre les courbures des deux
siphons.
Enfin on voit que le vase
Q
est inutile.
Il faut remarquer que les
choses ne se passeront ainsi que si le diamètre des tubes est assez
large pour qu’on puisse ne point tenir compte de la capillarité. Sans
cela les siphons ne se désamorcent jamais complètement, et il suffit
d’une petite adjonction d’eau dans le vase
AB
pour que l’écoulement recommence.
Suivant le père
Kircher (Oedipus
Aegyptacus)
un auteur qu’il appelle Bitho, rapporte qu’il y avait à Saïs un
temple de Minerve dans lequel se trouvait un autel où, quand on allumait
le feu,
Dionysos et Artémis (Bacchus et Diane) répandaient du lait et du vin
pendant qu’un dragon, en forme d’épervier, faisait entendre son
sifflement.
Il est facile de voir
comment on peut faire sortir d’un côté du lait, de l’autre du vin.
Le père
Kircher, dans son
Oedipus
Aegyptiacus
(t. II, p. 338), dit que le roi Ménès s’amusait beaucoup
à voir tourner ces chœurs. J’ignore où le père Kircher peut avoir pris
ce renseignement.
L’orgue
hydraulique fut le plus bel instrument que connut l’antiquité; tous les
auteurs s’accordent pour constater l’admirable beauté de ses sons.
Pétrone (Sat. 36)
rapporte que les athlètes et les gladiateurs combattaient au son de
l’hydraule. Néron avait, au dire de Suétone (Vie de Néron)
une véritable passion pour cet instrument, au point d’en toucher même
dans les circonstances les plus critiques; il en fit graver la
représentation sur ses monnaies (Rich. Dict. des ant.:
Hydraulus), exemple qui
fut imité par Valentinien. Dans ces figures comme dans celles des
manuscrits, l’orgue n’a que 8 tuyaux.
La construction a été
décrite par Héron et par Vitruve. La description de l’un permet de
comprendre dans presque tous ses détails celle de l’autre qui en diffère
par quelques points. La plupart des traducteurs et commentateurs de
l’architecte latin ayant négligé de recourir à l’ingénieur grec ont fort
mal rendu l’instrument.
Au commencement du XVIIe
siècle, Porta en fit construire un à Naples; quelques années après, en
1647, le père Kircher en fit construire un second à Rome, pour le pape
Innocent X. Ces deux orgues avaient le défaut (Scott.
Magia nat.. t. ii.
p. 304) de ne point conserver la note, mais de donner successivement les
harmoniques en montant ou descendant. En revanche, ils produisaient un
tremolo extrêmement agréable et c’est sans doute cette variation
inusitée du son qui lui valut son succès auprès des anciens. Tertullien
(De anima, cap. XIV) attribue l’invention de l’hydraule à
Archimède, mais l’opinion commune l’attribuait à Ctésibios.
La partie entre
crochets doit être une interpolation. Ce membre de phrase reproduit
l’explication que j’ai donnée dans la note 36. Après, il y a
certainement une lacune que le sens général permet de combler.
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